L’Europe divisée sur une augmentation du Fonds d’aide à la zone euro

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ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, le 12 janvier 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[12/01/2011 15:59:04] BRUXELLES (AFP) Les Européens ont replongé dans la discorde mercredi sur la manière d’affronter la crise en zone euro, Paris et Berlin rejetant un appel de Bruxelles à accroître rapidement le Fonds de secours pour les pays en difficulté, au moment où le Portugal est à son tour sous pression.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les dirigeants des pays de l’UE à décider sans tarder d’augmenter les ressources du dispositif d’aide mis en place au printemps 2010.

“Nous considérons que sa capacité effective de prêt doit être renforcée et que le champ d’action de ses activités doit être élargi”, a-t-il déclaré mercredi à Bruxelles, en demandant une décision au plus tard le 4 février lors du prochain sommet de l’UE.

“Des discussions sur ces sujets sont actuellement en cours avec les Etats membres” de l’Union européenne et “elles progressent”, a souligné de son côté le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Il a précisé que cette augmentation de la capacité de prêt valait tant pour le Fonds temporaire actuel – appelé “Facilité européenne” et doté de 440 milliards d’euros de garanties de prêts des pays de la zone euro – que pour le futur mécanisme permanent d’aide qui prendra le relais mi-2013.

Selon une source européenne, M. Barroso a décidé d’agir après une entrevue discrète mardi à Bruxelles avec le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, et un entretien téléphonique avec le président de la BCE Jean-Claude Trichet, qui partagent le même avis sur la hausse du Fonds.

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économie Olli Rehn, le 12 janvier 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys)

Cependant, cette proposition divise les capitales, qui n’ont pu se mettre d’accord sur le sujet mardi à l’issue d’une réunion d’experts à Bruxelles, selon la même source.

L’idée a été fraîchement accueillie par la France et l’Allemagne.

“Il n’est pas sensé ni nécessaire de discuter d’un élargissement” de ce Fonds, a déclaré Steffen Seibert, porte-parole d’Angela Merkel, qui doit composer avec une opinion publique réticente au sauvetage d’autres pays européens.

De son côté, la France a estimé que le sujet n’était pas à l’ordre du jour. Les capacités actuelles du Fonds sont “suffisamment importantes pour répondre aux demandes”, a dit le porte-parole du gouvernement.

“On ne dit pas +jamais+, nous ne sommes pas foncièrement opposés à un renforcement du fonds (…) Mais sur ces sujets, il faut trouver le bon timing” car “cela peut aussi accréditer l’idée qu’il y a un besoin, alors qu’aujourd’hui ce besoin n’existe pas”, a estimé de son côté l’entourage de la ministre des Finances Christine Lagarde.

Le Portugal a passé mercredi avec un succès relatif un premier grand test, parvenant à placer un emprunt auprès des investisseurs à un taux moins élevé que ce qui était redouté, sans lever toutes les craintes.

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à une réunion de cabinet, le 12 janvier 2011 à la Chancellerie, à Berlin (Photo : Hannibal Hanschke)

L’éventualité d’une augmentation du dispositif de soutien est discutée toutefois depuis déjà plusieurs semaines, en raison des craintes de contagion de la crise de la dette à ce pays, à l’Espagne, voire la Belgique ou l’Italie.

Le Fonds de la zone euro dispose en réalité d’une capacité de prêts inférieure aux 440 milliards d’euros de garanties dont il est doté, car il est nécessaire de garder le reste comme garantie pour les emprunts effectués sur les marchés, afin d’obtenir les taux d’intérêts les moins élevés possibles.

Une des idées à l’étude serait de porter la capacité de prêts effectivement à 440 milliards d’euros, ce qui nécessiterait d’en augmenter le volume de manière substantielle. Une autre piste, pour élargir la palette d’instruments du Fonds, serait de lui permettre de racheter sur les marchés de la dette publique.