ège de Sanofi-Aventis à Paris, le 30 juin 2009 (Photo : Eric Piermont) |
[12/01/2011 17:08:46] PARIS (AFP) A moins de dix jours de l’expiration de l’offre de Sanofi-Aventis pour racheter pour 18,5 milliards de dollars l’Américain Genzyme, les positions des deux groupes, engagés depuis des mois dans une intense partie de poker menteur, semblent s’être un peu rapprochées.
“Vous pouvez conclure du fait que des responsables des groupes sont maintenant en discussions qu’il y a un certain progrès”, a reconnu le patron de Genzyme Henri Termeer, interrogé par le Wall Street Journal, en marge d’une conférence d’analystes à San Francisco (Californie).
Depuis le lancement de l’offre publique d’achat (OPA) de Sanofi le 4 octobre, Genzyme, une société spécialisée dans l’utilisation des biotechnologies pour fabriquer des traitements contre les maladies rares, juge insuffisante la proposition du groupe français, qui a obtenu mercredi le feu vert de Bruxelles pour cette acquisition.
L’ouverture de ces discussions marque une étape importante dans les relations entre les deux groupes.
Celles-ci achoppent notamment sur l’évaluation des revenus futurs de la molécule alemtuzamab, que Genzyme utilise déjà contre la leucémie et la sclérose en plaques. Selon les estimations, ces revenus supplémentaires pourraient atteindre annuellement de 700 millions à 3,5 milliards de dollars.
La mise en place de certificats de valeur garantie (ou Contingent Value Right, CVR en anglais) offrirait la possibilité de contourner cette difficulté, en permettant aux actionnaires de Genzyme de percevoir un complément de prix en fonction des résultats effectifs de ce traitement.
Ce mécanisme “est une manière logique de valoriser des ventes potentielles. Si elles sont bonnes, les actionnaires de Genzyme en bénéficieront; si elles sont plus modestes, nous aurons peu à payer”, explique le directeur général de Sanofi Chris Viehbacher dans le quotidien Les Echos de mercredi.
Ce rapprochement n’est pas pour autant une garantie de succès.
“Les deux sociétés parlent ensemble”, a rappelé M. Viehbacher lors de la même conférence à San Francisco. “Mais nous ne savons pas jusqu’où ces discussions vont nous mener”, a-t-il tempéré.
Une modération partagée par Henri Termeer, qui soulignait au Wall Street Journal que les discussions en cours étaient de nature “technique” et n’avaient pas progressé au point de justifier l’implication des deux patrons.
“Si les discussions incluent désormais des représentants des deux sociétés, les deux parties ne sont toujours pas tombées d?accord quant aux termes et conditions” du CVR, note Arsène Guekam, analyste chez CM-CIC Securities.
D’autant que “d’autres problèmes, confidentiels, restent à résoudre”, rappelle M. Viehbacher.
Le directeur général de Sanofi joue gros sur ce dossier. Lui qui a profondément modifié les habitudes et l’organisation du géant français de la pharmacie depuis un peu plus de deux ans espère désormais faire entrer son groupe de plain-pied dans les biotechnologies.
“Nous sommes très intéressés à l’idée de pouvoir créer une nouvelle plate-forme pour le groupe, non seulement dans les biotechnologies, mais aussi dans les maladies rares”, a-t-il répété à San Francisco.
En cette période de négociations tendues, Genzyme a marqué un point contre son camp en revoyant à la baisse ses prévisions de résultats pour 2011. Ceux-ci devraient toutefois marquer un net rebond par rapport à ceux de 2010 et 2009, deux années au cours desquelles le groupe a souffert de problèmes de contamination dans une usine.