âgées le 2 août 2006 dans une rue de Lyon (Photo : Martin Bureau) |
[12/01/2011 17:15:46] PARIS (AFP) Placement préféré des Français, l’assurance vie a moins rapporté à ses souscripteurs en 2010, victime d’un contexte de marché défavorable et durable, et entame 2011 avec la crainte que la réforme de la fiscalité du patrimoine ne la rende encore moins intéressante.
“Pour 2010, on sera aux alentours de 3,30% ou 3,40% de rendement sur le marché français de l’assurance vie”, indique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & figures.
La baisse est sensible par rapport à 2009, où beaucoup de contrats pouvaient laisser espérer une rentabilité autour de 4%.
Avec de tels niveaux, les Français ayant investi dans de l’assurance vie bénéficieront d’un rendement à peine supérieur à celui de l’obligation française à 10 ans (3,12% en moyenne) et juste 2 points au-dessus du Livret A, actuellement à 1,75%, qui lui est totalement défiscalisé.
Un des principaux baromètre du secteur, l’Afer, une association d’épargnants qui commercialise de l’assurance vie, a publié mardi un taux de 3,52%, contre 4,12% en 2009.
Une bonne partie du secteur a dévoilé ses taux comme Macif (de 2,85% à 3,45%), Axa (3,30% à 4%), MMA (3,75%), Maaf (4,11%) et GMF (3,90% sur la plupart des contrats).
Cette baisse des rendements n’est pas une surprise étant donné que les assureurs sont bien en peine de trouver des placements rémunérateurs, alors même qu’ils ont beaucoup d’argent à placer puisque la collecte nette est positive.
“Le coeur des actifs des assureurs, c’est la partie obligataire, qui a subi une forte baisse des taux d’intérêt en 2010”, selon M. Chartier-Kastler.
Le problème pour les assureurs est que leurs portefeuilles se vident des obligations au rendement élevé qui arrivent à échéance pour être remplacées par des titres récemment achetés et moins rémunérateurs.
Dans le même temps, les actions, en tout cas en France, n’ont rien rapporté.
Pour Meyer Azogui, président du cabinet Cyrus Conseil, “il faut que les assureurs soient plus imaginatifs et que l’assurance vie trouve un nouveau souffle. On peut imaginer des contrats alliant épargne et protection, mêlant assurance vie et dépendance”.
L’avenir ne s’annonce pas très rose alors que les assureurs doivent se préparer à un nouveau cadre réglementaire plus contraignant dès 2013.
Les normes Solvabilité II vont “obliger les compagnies d’assurance à acheter plus d’obligations et moins d’actions”, une tendance qui renforce la pression à la baisse des rendements, selon M. Azogui.
L’autre risque est celui d’une taxation accrue, notamment dans le cadre de la réforme sur la fiscalité du patrimoine prévue par le gouvernement.
L’Afer n’acceptera “aucune remise en question du statut fiscal et social de l’assurance vie”, a martelé mardi son président Gérard Bekerman.
“L’assurance vie a longtemps bénéficié d’une fiscalité exceptionnelle. On sait qu’en 2011 la fiscalité va augmenter sur l’épargne en général, sous une forme ou sous une autre”, prévient M. Azogui.
M. Chartier-Kastler n’est pas inquiet, car, pour lui, l’assurance vie, “c’est à la fois de l’épargne populaire et de l’épargne patrimoniale”.
Les encours déposés sur l’assurance vie atteignent 1.328 milliards d’euros à fin novembre, soit dix fois les montants détenus sur le livret A.
“C’est la fin de la période bénie de l’assurance vie en euros, vu comme le produit miracle, mais l?assurance vie restera encore incontournable en 2011”, résume M. Azogui.