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[12/01/2011 19:17:22] NEW YORK (AFP) Wikipedia célèbre cette semaine son dixième anniversaire, et l’encyclopédie en ligne gratuite aux 400 millions de visiteurs mensuels a des ambitions planétaires et vise en particulier les pays émergents.
“Quand j’ai appris la mort (du ténor italien) Luciano Pavarotti j’ai immédiatement voulu mettre à jour sa page, mais quelqu’un l’avait fait 17 minutes avant moi”, résume dans une interview à l’AFP Sue Gardner, directrice générale de cette entreprise à but non lucratif, créée un peu par hasard le 15 janvier 2001 et qui repose sur le volontariat de millions de contributeurs.
La plupart n’apportent que des contributions épisodiques, et environ 100.000 d’entre eux publient quatre à cinq fois par mois, une population que cette quadragénaire canadienne, ancienne journaliste à CBC, appelle les “Wikipédiens”. Leur profil? “Surtout des hommes, âgés de 26 ans, maniaques de technologie et de savoir, bref un réseau de +geeks+” (obsédés d’internet), ajoute-t-elle.
Son fondateur Jimmy Wales “l’avait conçu comme une expérience, après l’échec d’un premier essai d’encyclopédie classique appelée +Newpedia+”, poursuit Sue Gardner.
Le succès fut immédiat. Si le premier site fut en anglais, les Wikipedia allemand et suédois naissaient en mars 2001, dix autres –dont le français, l’italien, le chinois, le russe et le catalan– voyaient le jour en mai.
écutive de la fondation Wikimedia, Sue Gardner, le 11 janvier 2011 à New York (Photo : Emmanuel Dunand) |
Aujourd’hui l’encyclopédie compte 17 millions d’articles publiés en 250 langues. Le contenu de chaque site est autonome, il ne s’agit pas de traductions mais chaque fois de contributions originales.
Comme elle contrevient au principe de l’encyclopédie traditionnelle rédigée par des sommités considérées comme des experts dans chaque domaine abordé, cette encyclopédie rédigée par la base s’est attirée d’innombrables critiques.
Invoquant erreurs et opinions subjectives, les universités interdisent à leurs étudiants de s’en servir, les rédactions défendent aux journalistes d’y avoir recours.
Mais l’automatisme de la recherche a tendance à s’installer dans les mentalités, les institutions culturelles commencent à changer d’approche: Wikipedia travaille par exemple avec une dizaine d’universités pour ses articles sur la politique de l’administration américaine, des collaborations en augmentation constante, souligne en substance Sue Gardner.
En décembre 2005, la revue “Nature” avait publié une étude comparative des erreurs relevées respectivement dans Wikipedia et dans la très respectée Britannica. Sur 50 articles sur des sujets scientifiques, envoyés à des experts sans en préciser la source, Britannica avait une moyenne de moins de trois erreurs par article, pour une moyenne de moins de quatre erreurs pour Wikipedia.
L’encyclopédie, qui est financée par les dons individuels, vient de recevoir 16 millions de dollars à l’issue de sa dernière campagne, deux fois plus que ce qu’elle avait collecté en 2008. Elle ne compte que 50 salariés, dont 35 au siège de San Francisco (Californie, ouest).
Sue Gardner revient d’Inde, où Wikipedia va ouvrir son premier bureau à l’étranger. “L’Inde est notre prochain grand marché”, dit-elle.
Elle regrette que le site soit filtré en Chine, où les internautes n’ont pas accès à des articles politiquement sensibles pour Pékin. “Nous voudrions aussi que le site soit rédigé par des Chinois vivant en Chine et non par des expatriés”, ajoute-t-elle.
“Notre but est d’atteindre le plus de gens possible partout dans le monde, et surtout dans les pays où les conditions d’accès au savoir sont plus difficiles”, annonce la directrice générale.
“Nous fonctionnons un peu comme une salle de rédaction, et nous voulons que la couverture de Bollywood (industrie cinématographique indienne) soit aussi complète que l’est celle de Hollywood”, conclut-elle.