Est-ce que la Tunisie, particulièrement le secteur public, est capable de créer
300.000 emplois en 2 ans et de relever ce défit économique? Si oui, comment le
faire? Et dans quel secteur économique? L’industrie? L’agriculture? Les
services? Le tourisme ou les TIC?
La Chambre des SSII “INFOTICA“ a procédé à une réflexion stratégique pour voir
comment participer à la création d’au moins 20.000 emplois d’ici 2012 dans le
secteur des TIC, et particulièrement dans celui des centres d’appels. Comment?
Et dans quelle échéance?
Le secteur des services, notamment les TIC, demeure un réel gisement d’emplois,
car la Tunisie dispose d’un important potentiel facile à faire fructifier et à
mettre en application très rapidement.
Mais pour cela, trois conditions sont nécessaires. La première, c’est de
disposer, immédiatement, dans les pôles technologiques, les centres de
télétravail et autres cyber parcs à l’intérieur du pays d’espaces adéquats et de
bâtiments prêts à accueillir des centres d’appels et des SSII. C’est dans cette
optique que le ministère des Technologies de la Communication, selon nos
informations, souhaite créer 4 centres d’appels à Sidi Bouzid, Jendouba,
Kasserine et Douz et d’y créer, dans les prochains mois, 600 postes d’emplois.
Cependant, il se pose la question de l’indisponibilité de bâtiments, du moins à
Jendouba et Douz. Car le capital et le promoteur sont disponibles. Mais pour
construire des locaux, il faut au moins 6 mois, ce qui veut dire qu’il sera très
difficile de démarrer des entreprises avant septembre, surtout à l’intérieur du
pays –ce qui n’est pas le cas pour des régions comme Tunis, Sousse ou Sfax.
La deuxième condition, c’est ce que certains appellent “le bon de commande
public“, les donneurs d’ordre. Il faut obliger –nous disons bien “obliger“- les
200 premières entreprises tunisiennes et surtout les entreprises nationales à
acheter des positions –une trentaine chacune- dans des centres d’appels à
l’intérieur de la Tunisie, à l’instar de Tunisie Télécom et La Poste tunisienne
qui l’ont fait depuis plusieurs années.
Il est inconcevable, à l’heure de la sous-traitance, que la Banque de l’Habitat,
la STEG, la CNSS ou la CNAM, par exemple, créent leur propre centre d’appels.
Il faut instaurer une réelle stratégie d’essaimage pour toutes les entreprises
publiques et créer même une agence nationale pour l’essaimage.
La troisième et dernière condition, c’est de parfaire, sans tarder, la formation
des jeunes à la recherche d’emploi, notamment en langues et en TIC, et réaliser
cette opération en cours du soir dans toutes les écoles et autres lycées
publics, qui peuvent faire appel à des enseignants du secondaire, moyennant des
rémunérations complémentaires.
Cette formation pourrait s’étaler sur un semestre au moins, en donnant à chaque
étudiant une bourse d’étude d’une soixantaine de dinars par mois, pour subvenir
à leurs besoins basiques ; cela pousserait plusieurs centaines de chômeurs sur
le banc des écoles.
Les idées existent dans le secteur public, maintenant reste à savoir si
l’administration a une capacité d’écoute des opérateurs privés et à changer de
mode de fonctionnement en les associant à la réflexion, à la mise en place de
stratégies et à la conception des programmes.
En clair, une véritable remise en cause et à plat du mode de fonctionnement
actuel pour fédérer les initiatives du secteur public et des professionnels dans
le secteur des TIC.