Aujourd’hui, la Tunisie et l’Algérie se font peur mais font également peur aux
pays du pourtour de la Méditerranée. Hélas, non pas pour leurs prouesses
économiques mais à cause des violences –inouïes du moins pour ce qui concerne la
Tunisie- des derniers jours.
En effet, selon nos confrères d’econostrum.info, les observateurs estiment que
«la révolte sociale en Tunisie et en Algérie pourrait bien faire tâche d’huile
dans les pays du sud et de l’Est de la Méditerranée». La preuve de cette peur:
on apprend que les Libyens, Marocains et Jordaniens, «pour éviter les dérapages
de la rue, tentent de faire baisser la pression dans leurs propres villes en
annonçant notamment des réductions de prix».
En ce qui nous concerne, nous Tunisiens, ce qui se passe chez nous est observé
et scruté par l’ensemble des gouvernements des autres pays. «Le mal qui ronge ce
pays se traduit par des émeutes depuis trois semaines. Les manifestants
protestent contre le fort taux de chômage, le prix des denrées…», mais encore…
En comparant la rue tunisienne et son homologue algérienne, notre source note
que “les foyers ont éclaté quasi simultanément en Tunisie et en Algérie. Certes
pas avec les mêmes causes, mais avec les mêmes conséquences: un embrasement
extrêmement rapide de la rue. La crise de colère de la population tunisienne
apparaît plus sévère que celle de sa voisine algérienne où les calmants
administrés par Abdelaziz Bouteflika semblent faire effet. Jusqu’à quand?».
Poursuivant leur analyse comparative, nos confrères d’econostrum.info rappellent
qu’en Algérie les mesures économiques et sociales annoncées dès le 8 janvier
2011 lors d’un conseil interministériel ont immédiatement fait leur effet et
permis “d’apaiser la rue“. Ces mesures consistent notamment «d’exonérer
temporairement (jusqu’au 31 août 2011) le sucre roux et les matières de base
entrant dans la fabrication des huiles alimentaire des droits de douane (5%), de
la TVA (17%) et de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). Ce dernier est de
19% pour les activités de production et de 25% pour celles de la distribution“.
Ces mesures furent illico darda répercutées par les producteurs et des
distributeurs sur les prix de vente aux consommateurs…
Le Maroc craint ses licenciés du textile
Le portail rappelle également que «la Libye s’est proposée d’accueillir en
convalescence les chômeurs tunisiens. Pour cela, le Comité général du peuple a
pris, en décembre 2010 au tout début de la crise tunisienne, des mesures
immédiates d’abolition des taxes et des obstacles administratifs et financiers à
leur venue…mais qui n’aura pas suffit à étouffer le mouvement comme le
prophétisaient certains analystes».
Mais parallèlement, le gouvernement libyen, de peur d’être “contaminée”, «a mis
en quarantaine toutes les taxes sur les produits alimentaires». C’est ainsi que
notre voisin de l’est prit la décision, lundi 10 janvier 2011, de «supprimer les
droits de douane et tout autre taxe sur les produits alimentaires, notamment de
première nécessité, ainsi que sur le lait pour enfants. Histoire de se protéger
contre des tentations de sa population d’imiter les Tunisiens».
Quant à nos amis marocains, déjà touchés par une forte agitation sociale en 2008
et en 2009, rappelle notre source, «ont d’abord choisi d’interdire lundi 10
janvier 2011 les marches de soutien aux manifestants tunisiens à Rabat.
Officiellement pour ne pas envenimer les relations avec la Tunisie. Les
organisateurs prévoient de tenter de se réunir à nouveau jeudi 13 janvier 2011».
Mais ce n’est que partie remise, car il semblerait qu’une grande manifestation
des ouvriers du textile soit déjà programmée dans la ville de Salé, près de la
capitale, le 21 janvier 2011, pour protester contre la fermeture de quatre
usines en novembre dernier par l’anglais Mornatex qui quitte le pays. «Un
possible foyer d’infection?», s’interroge les journalistes d’econostrum.info.
La rue tunisienne se fait entendre en Jordanie
Les technologies de l’information et de la communication, les médias en tête,
permettent aujourd’hui de porter les voix plus loin et plus vite que par le
passé. Et ça fait peur.
Toujours selon notre source, «pour l’instant, les solutions du gouvernement
tunisien ressemblent à des cataplasmes sur une jambe de bois… Personne n’a
encore trouvé la potion magique permettant de juguler les protestations».
C’est dans ce contexte que la Jordanie, par exemple, «tente de prévenir plutôt
que de guérir. Amman inocule deux vaccins. L’un à sa population, l’autre à ses
entreprises».
Ainsi, «face à une forte inflation (6,1% fin décembre 2010 selon les chiffres
officiels), écrit notre confrère, le gouvernement jordanien vient de prendre une
série de mesures urgentes, visant à faire baisser les prix dans le royaume, sur
ordre du roi Abdallah II. Le souverain espère ainsi contenter les Jordaniens de
plus en plus mécontents face à la hausse des prix».
D’ailleurs, des manifestations sont prévues pour vendredi 14 janvier 2011 par
des syndicalistes. C’est pour cela que «le roi a demandé au gouvernement de
Samir Rifaï d’élaborer une batterie de mesures, la plupart applicables
immédiatement». Et Abdallah II semble déterminé à “protéger les défavorisés et
la classe moyenne en leur donnant les moyens d’assurer leurs besoins de base”.
Au chapitre des mesures annoncées par le gouvernement jordanien, «l’annulation
de la taxe de 6% sur l’essence et le diesel, et la baisse de 18 à 12% de la taxe
sur le gaz octane 90». D’autres produits sont également concernés, tels que le
sucre dont le kilo baisserait de 0,58JD (0,62 €) à 0,53JD (0,57€), celui de la
volaille de 1,85JD (2€) à 1,60JD, (1,72€) tandis que les prix du riz devraient
chuter de 10%. Et le gouverneur de la Banque centrale jordanienne (CBJ), Faris
Sharaf, aurait demandé «aux banques d’abaisser les taux d’intérêt des prêts
destinés aux PME, afin de soutenir la croissance de l’économie». Normal, quand
on sait que l’économie jordanienne est composée à 90% de PME, ce qui fait
d’elles des acteurs incontournables en matière d’emploi.