Fillon tente de rassurer Londres sur les projets de la zone euro

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çais François Fillon et britannique David Cameron tiennent une conférence de presse à Londres le 13 janvier 2011 (Photo : Leon Neal)

[13/01/2011 20:00:23] LONDRES (AFP) Le Premier ministre français François Fillon est venu jeudi à Londres tenter de rassurer la Grande-Bretagne sur les projets d’intégration accrue des pays de la zone euro, notamment en matière fiscale, tout en affichant l’unité de l’UE face à la crise qui secoue cette zone.

“Je ne suis venu demander ni aide, ni modification de la politique de la Grande-Bretagne”, a pris soin de poser en préambule François Fillon, au cours d’une conférence de presse avec son homologue David Cameron, chef de file des conservateurs britanniques, traditionnellement méfiants à l’égard des visées européennes.

“Mais nous demandons qu’elle ait un regard positif sur cet effort de cohérence”, a poursuivi M. Fillon, marié à une Britannique et considéré comme anglophile, mais dont c’était la première visite à Londres en tant que chef du gouvernement français.

“Nous demandons que la Grande-Bretagne ne s’en offusque pas, ne le considère pas comme un danger pour elle”, a-t-il souligné.

La France et l’Allemagne tentent actuellement d’ouvrir un nouveau chantier dans la zone euro en rapprochant davantage les politiques économiques, y compris dans des domaines jusqu’ici tabous comme la fiscalité et le social, afin de renforcer l’assise de la monnaie commune, malmenée depuis plusieurs mois.

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çois Fillon prononce un discours à Guildhall, à la City de Londres, le 13 janvier 2011 (Photo : Carl de Souza)

François Fillon avait commencé son plaidoyer dans la matinée dans un discours à la City, souvent considérée elle aussi comme eurosceptique.

Paris veut “avant tout obtenir que Londres ne bloque pas au niveau de l’UE les initiatives en faveur de la zone euro”, a-t-on expliqué dans l’entourage du Premier ministre français.

L’idée d’améliorer la coordination économique a été remise sur le devant de la scène par la crise qui secoue depuis des mois plusieurs pays européens, étranglés par leur dette.

Offensive concertée? Pendant que M. Fillon était à Londres, le président Nicolas Sarkozy remettait sur la table, pendant une visite dans le sud de la France, la question de l’harmonisation fiscale, mettant l’accent sur le cas de l’Irlande.

“Nos amis irlandais ne peuvent durablement nous dire +venez nous aider+ et continuer à garder un impôt sur les bénéfices des sociétés moitié moindre”, a lancé le président.

La question a ressurgi avec acuité depuis que Dublin, toujours resté ferme sur ce point, a dû appeler à l’aide pour éviter le naufrage de ses banques.

Egalement en visite à Londres jeudi, le président de l’UE, Herman Van Rompuy, a enfoncé le clou en déclarant que les pays de la zone euro “doivent développer la convergence de leurs politiques économiques”.

Face à ces assauts, David Cameron a réaffirmé que son pays n’avait pas l’intention d’être “entraîné dans un nouveau mécanisme” européen, mais a assuré comprendre la nécessité d’une meilleure intégration économique et fiscale.

Un discours qui reflète la position pragmatique adoptée par M. Cameron dans la gestion de la crise de la zone euro, qui a par ricochet des effets sur l’économie britannique, comme l’a fait valoir à plusieurs reprises François Fillon pendant sa visite.

Le Royaume-Uni a ainsi prêté 8 milliards d’euros à l’Irlande et accepté en décembre l’exigence allemande d’une modification du traité de Lisbonne permettant la mise en place d’un mécanisme permanent de soutien aux pays de la zone euro.

Au moment où la monnaie unique est de nouveau sous pression en raison des craintes sur la situation du Portugal, la visite de M. Fillon avait aussi pour but d’afficher un front uni des grandes économies européennes.

Alors que M. Fillon insistait sur le fait que Paris et Berlin étaient “prêts à tout mettre en oeuvre” pour assurer la stabilité de la zone, en écho à la chancelière Angela Merkel, M. Cameron a volontiers reconnu qu’une zone euro forte était aussi dans l’intérêt de Londres.