éroport de Calcutta, le 6 janvier 2011 (Photo : Deshakalyan Chowdhury) |
[14/01/2011 14:29:25] NEW DELHI (AFP) Le contrat record annoncé cette semaine par Airbus pour la livraison de plus de 100 appareils à une compagnie indienne souligne le dynamisme du secteur aérien en Inde grâce à l’émergence d’une classe moyenne, mais des aéroports vieillissants pourraient freiner son essor.
IndiGo, compagnie à bas coûts fondée en 2005, a scellé avec l’avionneur européen un contrat pour la livraison de 180 avions A320, le plus gros dans l’histoire aéronautique en nombre d’appareils.
“Nous mettons nos promesses à exécution”, a crânement annoncé le président d’IndiGo, Aditya Ghosh, après avoir signé cet accord au siège d’Airbus à Toulouse, dans le sud-ouest de la France.
“Si le pays doit croître de 9 à 10%, le milieu aérien doit être un partenaire à égalité”, a-t-il déclaré au quotidien économique Mint. “Il y aura une ou deux années de haut et de bas mais il y aura à la fin une seule direction”, a-t-il assuré, ajoutant que le contrat était “proche de 15 milliards de dollars”.
Le montant exact de la transaction n’a pas été dévoilé.
IndiGo est l’étoile montante du transport aérien dont le nombre de passagers total a progressé de 25% sur un an en novembre.
éroport de Bombay en mai 2010 (Photo : Punit Paranjpe) |
Selon le ministère de l’Aviation, la compagnie est la troisième plus importante en Inde avec 836.000 passagers par mois, derrière Kingfisher et Jet Airways mais devant la compagnie publique en difficulté Air India.
Même si de nombreuses régions de l’Inde restent encore très pauvres, la croissance économique du pays (+8,5% prévu cette année) a entraîné l’émergence d’une classe moyenne dont le poids ne cesse d’augmenter.
La hausse des revenus et la libéralisation du marché aérien débutée dans les années 90 ont conduit les voyageurs, qui n’avaient jusqu’à présent d’autre choix que de passer des heures entassés dans des trains d’une lenteur exaspérante, à se tourner vers l’avion.
Certains experts du secteur appellent cependant à la prudence, rappelant que l’aviation indienne a déjà fait un faux départ lors d’une expansion trop ambitieuse des compagnies voici dix ans qui a ensuite exposé certaines d’entre elles à la récession économique mondiale.
En 2009, Kingfisher, Jet Airways et d’autres ont demandé en vain au gouvernement d’être renflouées après avoir été victimes de pertes colossales provoquées par une flambée des prix du pétrole et une surcapacité.
“Tout est affaire d’équilibre judicieux entre l’offre et la demande. Il y a deux ans, il y avait trop de sièges pour trop peu de passagers. Aujourd’hui, les prix sont à un niveau permettant aux compagnies de faire des profits”, estime Dinesh Keskar, responsable des opérations indiennes chez l’avionneur américain Boeing.
éroport international de New Delhi en février 2009 (Photo : Manan Vatsyayana) |
Les analystes préviennent aussi que l’essor du secteur pourrait être freiné par des infrastructures aéroportuaires vieillissantes.
“Il ne s’agit pas seulement d’investir dans des nouveaux appareils pour répondre à la hausse du trafic. C’est aussi une question de capacité de pistes et d’aéroports”, résume Mahantesh Sabarad, de la maison de courtage Fortune Equity Brokets.
“S’il n’y a pas de construction d’aéroports plus grands, les projets d’IndiGo pourraient ne pas décoller”, estime-t-il auprès de l’AFP.
New Delhi a ouvert un nouveau terminal pour un montant de 2,7 mds USD en juillet 2010 mais Bombay, la capitale économique, n’a pas encore réussi à décongestionner son trafic.
En raison de préoccupations environnementales, de difficultés de relogement de la population locale, de la corruption et de la lenteur du système juridique, le projet de construction d’un deuxième aéroport a mis dix ans à aboutir. En novembre, le feu vert a enfin été donné.