Renault : délicate enquête en vue pour faire la lumière sur l’affaire d’espionnage

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ège du constructeur à Boulogne Billancourt, le 10 janvier 2010 (Photo : Eric Piermont)

[14/01/2011 19:15:18] PARIS (AFP) Une longue et délicate enquête se profile pour lever les zones d’ombre de l’affaire d’espionnage industriel au bénéfice d’une “puissance étrangère” pour laquelle Renault a porté plainte contre X et qui fait désormais l’objet d’une enquête préliminaire.

Le parquet de Paris a annoncé vendredi soir l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

L’affaire a conduit à la mise à pied de trois cadres du constructeur automobile, soupçonnés d’avoir diffusé des informations sensibles.

Elle concerne le projet phare de véhicule électrique dans lequel le groupe français a investi 4 milliards d’euros avec son allié japonais Nissan. Renault assure toutefois qu’aucune “pépite” d’innovation stratégique n’a fuité, notamment sur ses batteries ou ses brevets.

Le groupe évoque dans sa plainte, déposée jeudi, “des faits constitutifs d’espionnage industriel, de corruption, d’abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée”.

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ège de Renault à Paris le 11 janvier 2011 (Photo : Bertrand Guay)

Selon le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin, il s’agit d'”une affaire complexe qui nécessitera des investigations internationales”, la plainte visant “la fourniture d’éléments intéressant le secret économique français à une puissance étrangère”, non dénommée.

Ni Renault, ni l’Etat français, actionnaire à 15%, n’ont confirmé à ce jour la “piste chinoise”, privilégiée par le contre-espionnage et le groupe selon la presse et les spécialistes de l’intelligence économique.

Pékin a fustigé des accusations “totalement sans fondement, irresponsables et inacceptables”.

L’avocat du constructeur automobile, Me Jean Reinhart, a indiqué que Renault avait versé au dossier toutes les informations collectées dans le cadre de l’enquête en interne diligentée en août 2010, lorsqu’il a pris connaissance d’éventuels actes d’espionnage.

Les trois cadres mis à pied nient en bloc les accusations portées contre eux.

Michel Balthazard, membre du comité de direction de Renault, un de ses adjoints, Bertrand Rochette, responsable des avant-projets, et Matthieu Tenenbaum, directeur de programme adjoint du véhicule électrique, risquent un licenciement pour faute grave, qui peut désormais intervenir à tout moment.

“On peut tirer la conclusion qu’une lettre de licenciement pour faute lourde va nous être adressée”, a déclaré à l’AFP vendredi l’avocat de M. Balthazard, Me Xavier Thouvenin.

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ée (Photo : Eric Feferberg)

Les trois cadres et leurs défenseurs s’insurgent de l’opacité des faits qui leur sont reprochés. Me Thouvenin a confirmé que Michel Balthazard avait fait l’objet d’une “dénonciation anonyme”, comme Matthieu Tenenbaum.

L’enquête interne de Renault n’évoquait que des “soupçons de corruption” et ses responsables réclamaient trois mois de plus pour étayer leurs investigations, selon Le Monde, qui révèle que les premiers doutes envers M. Balthazard sont apparus dès 2009 après une première lettre anonyme.

“Nous avons estimé qu’au bout de quatre mois d’investigations nous avions suffisamment d’information pour la mise à pied des trois personnes”, a réagi Renault.

Me Thouvenin a pour sa part demandé que l’enquêteur privé de Renault soit entendu par la police.

“Cette histoire risque de se dégonfler très vite si cet enquêteur privé n’a rien d’autre à nous apporter”, estime-t-il.

L’affaire Renault semble avoir pris de court le gouvernement français. Le ministre de l’Industrie Eric Besson a regretté de n’en avoir eu vent qu’au dernier moment début janvier.