Fiat : l’accord durcissant les conditions de travail approuvé à Mirafiori

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à Turin (Photo : Olivier Morin)

[15/01/2011 07:02:43] TURIN (Italie) (AFP) Les salariés de l’usine historique Mirafiori de Fiat à Turin (nord) ont approuvé l’accord durcissant leurs conditions de travail dont dépendait la survie du site et qui est considéré comme un tournant dans l’histoire sociale du pays.

“Le oui l’a emporté”, a indiqué samedi matin à l’AFP une source syndicale, expliquant qu’une urne devait encore être dépouillée mais que mathématiquement la victoire du oui était déjà assurée.

Selon l’agence Ansa, le oui l’emportait avec 54,3% des voix, après le dépouillement de plus de 90% des bulletins. Le vote des 5.431 salariés de l’usine, qui avait démarré jeudi à 21H00 GMT, s’est achevé vendredi vers 18H30 GMT.

A l’exception de la Fiom – branche métallurgie de la CGIL (gauche), premier syndicat du pays -, qui dénonçait un “chantage”, tous les syndicats avaient signé cet accord le 23 décembre et appelé à voter oui. “Ce sont avant tout les salariés de Mirafiori qui ont gagné (…) Leur maturité et leur sens des responsabilités ont sauvé des dizaines de milliers d’emplois”, s’est félicité Giovanni Centrella, responsable du syndicat UGL.

En échange de l’acceptation de l’accord par les salariés, Fiat s’est engagé à investir plus d’un milliard d’euros avec son partenaire américain Chrysler pour produire à Mirafiori jusqu’à 280.000 Jeep et Alfa Romeo par an. Si le non l’avait emporté, le groupe aurait produit ces véhicules aux Etats-Unis ou au Canada, et faute de nouveaux modèles, l’usine turinoise serait allée vers une fermeture assurée.

Cet accord, qui prévoit un contrat spécifique pour les ouvriers de Mirafiori qui ne dépendront donc plus de la convention collective de la métallurgie, est considéré comme un tournant sans précédent en Italie.

Possibilité de faire tourner l’usine 24h/24 et jusqu’à six jours par semaine, réduction des pauses, triplement du nombre maximum d’heures supplémentaires à 120 par an, il durcit sensiblement les conditions de travail. Des sanctions sont en outre prévues en cas d’absentéisme “anormal” ou de grève contre l’accord. Point très controversé, la Fiom ne pourra plus avoir de délégués dans l’usine car elle a refusé de signer.

Mais les salaires augmenteront jusqu’à 3.700 euros bruts par an grâce au travail de nuit et aux heures supplémentaires, ont fait valoir les syndicats signataires.

Un référendum sur un accord similaire à l’usine de Pomigliano (sud) avait recueilli 62% d’adhésion en juin mais le vote de Mirafiori a suscité plus de passions car Turin est la ville où Fiat est né et Mirafiori son coeur industriel. Soutenu par le gouvernement, le patronat et une partie de la gauche, l’accord de Mirafiori a divisé la péninsule. Signe de tension, des étoiles rouges, symbole des Brigades rouges, sont apparues ces derniers jours sur les murs de plusieurs villes du pays.

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi s’était engagé personnellement en faveur du oui, estimant qu’en cas de victoire du non, les entreprises “auraient de bonnes raisons d’aller dans d’autres pays”.

Pour le patron de Fiat, Sergio Marchionne, qui veut faire de l’alliance Fiat-Chrysler un géant mondial de l’automobile, ce type d’accord est indispensable pour que les usines italiennes soient plus productives et arrêtent de perdre de l’argent.

Le patron italo-canadien, qui aime à souligner que les 6.100 salariés de Fiat en Pologne produisent le même nombre de voitures que les 22.000 salariés italiens, en a fait une condition sine qua non à l’investissement de 20 milliards d’euros au total d’ici 2014 en Italie pour y doubler la production.