La Tunisie vit actuellement des événements mi-figue mi-raisin.
Mi-figue, parce que le départ du pouvoir de M. Ben Ali, la chape de plomb qui
pesait sur le peuple est définitivement terminée. En tout cas on l’espère.
Cependant, c’est une victoire à la Pyrrhus, parce que tout ne s’est pas déroulé
comme ça aurait pu l’être. Car, si les informations se confirment, l’ancien chef
de l’Etat risque de ne pas rendre compte au peuple tunisien.
Alors, c’est à Mohamed Ghannouchi –qui fut pendant quelques heures président par
intérim de la Tunisie- que revient désormais la charge de donner des
explications aux Tunisiens sur les circonstances du départ –et éventuellement de
la destination de M. Ben Ali vers l’Arabie saoudite.
Il faut donc répondre à plusieurs interrogations: Dans quelles circonstances
l’ancien président de la République a-t-il quitté le pays? Pourquoi, vous M.
Ghannouchi, l’avez-vous laissé quitter la Tunisie alors que vous savez
pertinemment la corruption qui s’est développée et s’est nourrie autour de lui,
23 ans durant? Ou bien espériez-vous profiter de la situation pour vous
installer sur le fauteuil présidentiel, ne serait-ce que pour quelques mois?
Mais la question la plus importante, à nos yeux aujourd’hui, c’est : vous a-t-il
signé un décret dans lequel il stipule clairement qu’il vous confie le pouvoir,
comme cela a été souligné quelques heures plus tard? Si ce n’est pas le cas,
pourquoi cela a-t-il été avancé?
Et comme vous pouvez le pressentir, votre crédibilité dépend des réponses que
vous apporterez à ces questions. Vous serez jugé en conséquence. Surtout que le
nouveau président par intérim “légal“ vient de confier la tâche des
consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.