Zone euro : Bruxelles veut renforcer le Fonds rapidement, Berlin temporise

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éen aux Affaires économiques Olli Rehn, le 18 janvier 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[18/01/2011 15:14:57] BRUXELLES (AFP) Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a jugé mardi qu’il fallait renforcer le Fonds de soutien financier à la zone euro “dès que possible”, alors que l’Allemagne estime de son côté qu’il n’y a “pas d’urgence” à agir.

“Le plus tôt sera le mieux pour décider d’un renforcement du FESF”, la Facilité européenne de stabilité financière, nom officiel du fonds de secours mis en place l’an dernier pour les pays de la zone euro, a indiqué M. Rehn à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de l’UE.

“Pour moi, il est important que nous réalisions que nous avons toujours une crise qui continue sur les marchés obligataires (…) Nous ne pouvons nous permettre aucune confiance excessive dans cette situation, mais au contraire nous devons agir dès que possible afin de nous entendre sur un renforcement du FESF, au sein d’un ensemble complet de mesures”, a-t-il ajouté.

“C’est un travail en cours, et des progrès sont réalisés en vue de cet objectif”, a-t-il encore estimé.

Les ministres des Finances de la zone euro ont progressé lundi soir vers un accord visant à augmenter les capacités effectives d’emprunt du dispositif mais les modalités exactes restent à définir.

Le Fonds est doté de garanties des Etats de la zone euro à hauteur de 440 milliards d’euros. Mais dans la réalité, il ne peut lever que quelque 250 milliards d’euros, le reste devant être conservé comme garantie pour pouvoir obtenir des taux d’intérêt les moins élevés possibles.

L’idée à l’étude est donc de porter la capacité effective de prêt du Fonds à 440 milliards d’euros, ce qui pourrait passer par une hausse des garanties apportées par les Etats.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a demandé qu’une décision soit prise début février au plus tard. Mais l’Allemagne préfèrerait attendre mars.

“Compte tenu de la situation plutôt rassurante sur les marchés financiers, il n’y a à l’heure actuelle pas de nécessité d’agir en toute urgence pour régler ce volet partiel de manière isolée et précipitée”, a estimé mardi son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

Berlin insiste pour que des progrès soient réalisés dans le même temps en matière de discipline budgétaire et de coordination des politiques économiques.

“Nous allons poursuivre ce travail rapidement et de manière intensive, mais avec le soin nécessaire et requis”, a poursuivi M. Schäuble.

“Des décisions à la va-vite qui exigent des corrections après peu de temps sont dangereuses, elles ne feraient que créer de l’incertitude sur les marchés au lieu de renforcer durablement la confiance (…) C’est le souhait pressant du gouvernement allemand”, a-t-il ajouté.

Plusieurs ministres des Finances de l’Union européenne ont souligné mardi la nécessité de renforcer encore leur discipline budgétaire et la coordination de leurs politiques économiques, en parallèle à un renforcement des capacités du Fonds de secours de la zone euro.

“Je pense que l’on ne réussira que si on a une approche globale de l’ensemble des problèmes, et certainement pas une approche parcellaire et fragmentée”, a notamment souligné la ministre française Christine Lagarde, abondant dans le sens de Berlin.

“Nous devons fournir un paquet complet de mesures, et ça ne devrait pas concerner seulement le FESF, il y a plein d’autres questions qui doivent être mises sur la table”, a-t-elle ajouté.