é (Photo : Karen Bleier) |
[18/01/2011 23:30:56] WASHINGTON (AFP) Le réchauffement possible d’au moins 2,4 degrés de la température du globe d’ici 2020 combiné à un important accroissement de la population va créer des pénuries mondiales dans la production des principales cultures, prédit mardi un rapport d’experts privés.
Si rien de plus n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, dont surtout le CO2 produit par la combustion des hydrocarbures et du charbon, un tel scénario est alors très plausible, insistent les auteurs de cette étude publiée par l'”Universal Ecological Fund”, une organisation non gouvernementale argentine avec des bureaux aux Etats-Unis.
Les experts du Groupe international d’experts sur le climat (Giec) avaient déjà déterminé en 2006 qu’une hausse de la température terrestre de plus de 2 degrés au-dessus de celle d’avant l’ère pré-industrielle “serait dangereuse”.
La combinaison de l’impact de la montée des températures sur la production agricole et de la croissance de la population mondiale, qui devrait atteindre 7,8 milliards d’individus en 2020 (plus 900 millions par rapport à aujourd’hui) entraînera des pénuries pour trois des quatre principales cultures du globe, selon eux.
La production mondiale de blé subira un déficit de 14% par rapport à la demande d’ici dix ans. Ce chiffre sera de 11% pour le riz et de 9% pour le maïs.
Le soja est la seule culture majeure qui connaîtra une augmentation de sa production, permettant un excédent de 5% sur la demande, selon cette projection.
L’eau et le climat, deux ingrédients essentiels à la production alimentaire, seront particulièrement affectés par le réchauffement, relève le climatologue Osvaldo Canziani, un des anciens responsables du Giec et principal conseiller scientifique pour ce rapport.
En outre, la plupart des terres arables dans le monde sont déjà exploitées, rappellent ses auteurs.
L’eau disponible, principalement sous forme de précipitations, et les conditions climatiques seront donc les deux facteurs les plus déterminants pour la production alimentaire mondiale, avec des effets négatifs pour les régions devenant plus sèches, et positifs pour celles plus humides et chaudes.
L’Inde, second producteur mondial de riz et de blé, pourrait subir une diminution de jusqu’à 30% de ces deux récoltes.
En revanche, la Chine, plus grand producteur de riz et de blé et second de maïs devrait accroître ces productions de 20%.
En Europe, les pays du Nord, comme la Suède ou la Norvège, bénéficieront du réchauffement pour voir leurs rendements de blé grimper de 3 à 4% d’ici 2020, selon ce rapport.
Mais les pays européens du bassin méditerranéen dont l’Italie, l’Espagne et la France subiraient une baisse de 10% de l’ensemble de leurs récoltes, surtout des raisins dont ils représentent ensemble aujourd’hui 30% de la production mondiale.
L’Amérique latine et les Caraïbes devraient voir leurs récoltes de blé, de riz, de maïs et de soja diminuer de 2,5 à 5% d’ici dix ans, mais le Brésil et l’Argentine devraient pouvoir accroître leur production de soja de 21 et 42% respectivement.
L’impact du changement climatique sur les secteurs productifs de l’économie latino-américaine serait une réduction de 1,3% du PIB de la région si la température moyenne augmente de 2 degrés, note le rapport.
En Amérique du Nord, une baisse des précipitations va surtout toucher les Etats-Unis, notamment l’ouest, posant des problèmes d’irrigation et affectant diverses productions comme le raisin.
Si les auteurs prévoient une certaine augmentation des rendements de blé dans les Grandes Plaines, ils prédisent une réduction des récoltes de maïs et de soja dans la “Corn belt”.
Enfin l’Afrique devrait voir les deux tiers de ses terres arables disparaître d’ici 2025 en raison de la sécheresse.