Qui sont ces gens-là, qui se sont tus pendant plus de deux décennies et qui, d’un seul coup, se sont découvert des talents d’orateurs hors pairs et des discours révolutionnaires qui rivaliseraient avec ceux du Tche?
Pourquoi n’arrivons-nous pas à assumer notre silence, nos erreurs et avoir l’humilité et l’honnêteté de les reconnaître?
Tout le monde se lance des accusations et on a même publié un jeu de carte exigeant des têtes, on veut refaire la mascarade irakienne. Que ces gens là se détrompent, nous ne sommes pas l’Irak. Le soulèvement populaire a été tuniso-tunisien, il n’a pas été orchestré au Department State US. Et parce qu’il est né en Tunisie, qu’il y a grandi et en est sorti victorieux, il nous revient à nous et c’est la moindre des choses « Adhafou al Aymen » comme on le dit bien chez nous de le protéger.
Mais avant d’aller plus loin, à tous ceux qui veulent des têtes, posez-vous une question toute simple : qui aurait osé, Ben Ali et sa charmante moitié gouvernant le pays, les dénigrer, refuser de traiter avec eux ou même les ignore ? Nous connaissons ce qui est arrivé aux Bouebdelli, aux Driss, à Fahem Boukaddous et à d’autres qui se sont même retrouvés en prison alors qu’ils n’avaient rien commis d’illégal. Dans les milieux d’affaire tunisiens, tous ceux qui ont résisté se sont vu au mieux écartés, tout comme les dirigeants de banques ou les personnes occupant de hautes responsabilités. D’aucuns diraient qu’ils auraient pu se désister de leurs postes ou dénoncer. Peut être mais nous ne sommes pas tous des « Abou Ettaieb Al Moutanabbi » des Sihem Ben Sedrine ou des Moncef Marzouki. Il y en a beaucoup qui se sont trouvé à « négocier avec le diable » pour avoir la vie sauve. Alors arrêtons ce jeux de massacre et sachons que le seul moyen de protéger le pays est de préserver ce qui reste de nos institutions législatives, économiques, financières et au même titre l’UTICA ou l’UGTT. Donnons du temps au temps pour assurer une transition réfléchie et ne pas tomber dans l’anarchie et l’incitation à la haine.
Et en parlant d’institutions, il ne faut pas oublier l’importance du respect de la loi. Oui, il ne faut pas pardonner à ceux qui ont failli, à ceux qui se sont laissés corrompre, à ceux qui ont abusé des biens publics mais faisons les choses dans la civilité, la légalité, le respect des droits de l’homme, y compris le respect de l’intégrité physique ainsi que la transparence. Récupérons le récupérable et sanctionnons les fautifs.
Incendier les villas, les usines et les centres de productions font du tort du pays et nous font revenir des décennies en arrière. Il ne faut pas crier victoire et se délecter de ces pratiques indignes d’un peuple qui a réussi sa révolution. Toutes maisons incendiées, ces richesses parties en fumée auraient pu servir de clubs de jeunes, de maisons de culture, de musées…Que sais-je ? Ils auraient pu profiter à l’Etat et au peuple.
L’entrepreneuriat a besoin de paix et de stabilité, il a un grand rôle à jouer dans la reconstruction du pays, ne le mettons pas à genoux.