Jean-Marie Messier au tribunal correctionnel de Paris le 2 juin 2010. (Photo : Bertrand Langlois) |
[20/01/2011 09:55:05] PARIS (AFP) Huit ans après la débâcle de Vivendi Universal (VU), son ancien PDG Jean-Marie Messier, accusé de malversations dans sa gestion du groupe de médias et communication, connaîtra vendredi la décision du tribunal correctionnel de Paris.
L’ancien patron emblématique du CAC 40 saura si la 11ème chambre a suivi les réquisitions de relaxe prises par le ministère public à l’issue du procès.
Jean-Marie Messier a comparu du 2 au 25 juin pour “diffusion d’informations fausses ou trompeuses” sur la santé financière de VU, “abus de bien social” en lien avec un parachute doré négocié, mais pas touché, et “manipulation de cours” de l’action Vivendi.
“J2M”, 54 ans, n’était pas seul sur le banc des prévenus: cinq anciens hauts responsables du groupe et un cadre d’établissement financier ont été également jugés pour différents délits financiers. Parmi eux, l’ancien bras droit de Messier, Guillaume Hannezo, et l’homme d’affaires canadien Edgar Bronfman Jr, héritier d’une des plus célèbres dynasties industrielles de son pays, le groupe Seagram, absorbé en 2000 par Vivendi.
C’est à cette époque que Messier avait entrepris de transformer la vénérable Genérale des Eaux en géant du secteur des médias rebaptisé Vivendi Universal.
Il avait développé une communication euphorique sur la situation du groupe avant que les marchés ne découvrent que VU était assommé par une dette de 35 milliards d’euros, entraînant sa démission forcée en juillet 2002.
Guillaume Hannezo, ancien directeur financier de Vivendi Universal, le 2 juin 2010 au tribunal correctionnel de Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
Mais ce départ n’a pas suffi aux petits actionnaires de Vivendi floués par l’effondrement du titre. Ils ont multiplié les plaintes à l’encontre de l’ancienne équipe dirigeante du groupe et obtenu son renvoi devant la justice.
Durant les quatre semaines d’audience, Jean-Marie Messier, notes et graphiques en main, a démenti toutes les accusations, en protestant systématiquement de sa “bonne foi” dans la conduite du groupe.
Il a reconnu des erreurs de gestion mais plaidé un contexte difficile (éclatement de la bulle internet, 11-septembre, rivalités internes entre administrateurs) et nié formellement la moindre volonté de tromper les marchés et les actionnaires en leur dissimulant le niveau réel d’endettement.
Sa défense converge avec la position du parquet aux yeux duquel aucun élément du dossier ne permet d’établir sa culpabilité. En cohérence avec les réquisitions de non-lieu prises à l’issue de l’instruction, le ministère public a réclamé à l’audience une relaxe générale.
A ses yeux, rien ne démontre que le dirigeant et les anciens collaborateurs jugés à ses côtés ont délibérément cherché à induire en erreur analystes et petits porteurs.
Jean-Marie Messier encourt en théorie jusqu’à cinq années de prison et de fortes amendes.
Après son départ de Vivendi, l’ancien champion du capitalisme français, devenu banquier d’affaires, a dû répondre à plusieurs reprises de la débâcle financière du groupe.
En janvier 2010, dans le volet américain de la procédure, des jurés new yorkais ont condamné le groupe Vivendi pour communication trompeuse mais exonéré Jean-Marie Messier de toute responsabilité.
En décembre 2004, M. Messier et VU ont été condamnés par l’autorité des marchés financiers (AMF) à 1 million d’euros chacun pour avoir mal informé les marchés et les actionnaires. En juin 2005, la Cour d’appel de Paris a réduit ces amendes à 500.000 euros pour “J2M”, 300.000 pour VU.