Alors que les craintes sur les retombées de la chute du régime de Ben Ali sur l’économie nationale se sont intensifiées, il semble que certaines entreprises tunisiennes soient plutôt optimistes pour l’avenir. Dans un secteur comme le textile et habillement, qui emploie près de 200 mille personnes, on nous affirme que l’activité a repris normalement dans les usines. Les employés ont rejoint petit à petit leurs postes, et les exportations et les importations ont repris. Au niveau du port de Radès, on apprend qu’un déblocage a été opéré, le 19 janvier 2011, surtout avec la reprise du personnel et le report du couvre-feu pour 20 heures du soir. Ce qui rassure sur la reprise des échanges commerciaux dans un secteur prioritaire de l’économie nationale.
«L’impact de cette crise est mineur. Il est vrai qu’il y a eu un retard dans les livraisons pour les entreprises du secteur, surtout suite à l’interruption durant le week-end dernier. Mais actuellement, nos entreprises ont repris à 85%. Il y a eu une conscience professionnelle malgré le risque et une vraie culture de solidarité s’est développé», précise Samir Haouet, directeur général du Centre technique du textile, affirmant que le centre est resté en contact permanent avec les entreprises pour les soutenir.
Du côté des professionnels, l’ampleur de l’événement a renforcé l’attachement des uns et des autres aux efforts de consolidation de l’économie nationale. «Pour nous, c’était exceptionnel. Comme pour tous les Tunisiens, le week-end fut agité. Les exportations et les importations se sont interrompues… Nous avons repris le travail depuis lundi 17 janvier et les employés ont pu progressivement rejoindre leurs postes. Il y a eu beaucoup de motivation de la part du personnel, ce qui est aussi exceptionnel. Durant toute la période de crise, plusieurs employés sont même venus surveiller les usines», affirme Khaled M’zid, directeur général de TSCE.
De son côté, Kamel Zarrad, directeur général de SARTEX, a indiqué qu’il y a eu évidemment une perturbation au niveau du planning de livraison, mais rassure que les clients étaient compréhensifs face à la conjoncture. «Dès la reprise, nous avons tenu à contacter nos clients pour les rassurer quant à la situation dans le pays. Nous avons même envoyé notre directeur commercial en Europe pour confirmer le retour à la normale. D’ailleurs, nous sommes en train de nous rattraper et nous demanderons encore plus de la part de nos clients», souligne-t-il.
Selon les témoignages des industriels, la mobilisation du personnel a fait que la reprise se fait rapidement. Selon Hédi Jbabli, directeur général de Lacoste Tunisie, les plans de livraison sont maintenus. «Nos clients ne sont pas très inquiets et ils comprennent la situation dans le pays», précise-t-il.
Par ces témoignages, on sent un optimiste -quoique mesuré- chez les industriels du secteur textile et habillement. Mais faudrait-t-il aussi que le pays retrouve son calme pour que les clients étrangers gardent leur confiance en la Tunisie. «Il est vrai que les derniers événements ont renforcé la confiance de nos clients. Entamer notre marche vers la démocratie conforterait évidemment cette position. Nous devons même en profiter pour vendre notre savoir-faire. Mais il faut que le contexte accompagne. Il faut laisser le gouvernement travailler pour pouvoir continuer et faire le nécessaire pour la stabilité du pays», lance M. M’zid.