Tunisie – Société : Discipline, “camarades”!


rcd-degage-art.jpgPeuple mature ne doit pas se décrédibiliser. Donnons le temps qu’il faut au
chantier démocratique. Mais attention, l’économie n’attend pas. Il ne faut pas
mettre les entreprises en panne. Cela reviendrait à court-circuiter la
révolution. Gare!

La «révolution du Jasmin», en toute vraisemblance, va figurer dan le Guinness
book de l’histoire laquelle nous observe en ce moment avec sa grosse loupe,
sévère et impitoyable. A quelle rubrique serons-nous? Celle du modèle à suivre
ou bien du contre-exemple. A nous de choisir. La grosse querelle à l’heure
actuelle sur le chemin à suivre ne doit pas tourner à la grosse discorde.
Gouvernement de salut public ou d’union nationale. Le débat ne doit pas
s’éterniser. Il nous faut un cogito express et redémarrer. Toute pause peut être
exploitée par la contre révolution.

L’union pas la division: Est-ce bien l’heure de la dissidence?

Notre idéal est irréprochable. Notre itinéraire vers la démocratie doit l’être
tout autant. Il ne doit pas être le chemin de l’errance démocratique. Nous
sommes saisis de panique à l’idée de voir notre dynamique démocratique récupérée
par les contrerévolutionnaires. La dictature nous a sabotés. Par notre confusion
et notre agitation, ne tombons pas dans son jeu et évitons de nous saborder.
Nous sommes jaloux de notre révolution, on ne veut pas que les agents de la
dictature nous la récupèrent. Mais il ne faudra pas que, par notre maximalisme,
elle nous échappe entre les doigts. Ne faisons pas dérailler le processus. Il
nous faut jouer l’union. Toute pause peut être exploitée contre nous. Soyons
vigilants.

Cette dynamique démocratique est le fruit de notre génie national, on doit la
conduire avec une grande intelligence tactique. La dissidence actuelle de l’UGTT
est un hoquet qui peut occasionner une convulsion révolutionnaire. Avec cette
crispation radicale, la Centrale ouvrière annonce-t-elle un syndicalisme ultra
demain? Nous sommes sous observation. Nous sommes en logique d’insertion à
l’économie mondiale et donc sachons prendre une option pour un syndicalisme
participatif. Il ne faut pas compromettre le flux d’investissement extérieur de
demain. Déjà que nous sommes en déficit de croissance, n’aggravons pas la
situation. La révolution n’a pas le droit de se tirer une balle dans le pied au
moment où elle a besoin de ses deux jambes pour avancer résolument.

Quelle attitude avec le RCD ?

Notre culture nationale nous a enseigné que le «tout et tout de suite» de même
que «ici et maintenant» sont des exigences ultra. Nous avons été formés à
«reçois et revendique». Le gouvernement d’Union nationale a le mérite devant
l’histoire d’enclencher illico presto la marche vers la démocratie. Un
gouvernement de salut public ne nous apporterait pas davantage. Le punch
populaire est venu à bout de la dictature. Il viendra à bout de la tentative de
récupération de la révolution. Faut-il absolument marcher sur les ruines du RCD
(Rassemblement constitutionnel démocratique)? Faut-il fermer la porte au nez des
«justes» d’entre eux qui acceptent de mettre leur expertise au service de la
révolution et d’empêcher tout vide politique et de permettre la continuité de
l’Etat? Navré, l’attitude de l’UGTT est irrecevable! Si le RCD veut se racheter
et rallier la «réforme», est-il politiquement correct de l’en empêcher? Le
peuple est, par définition, sage. Sa volonté doit être respectée. On ne peut pas
dire autant de la rue. Il ne faut pas que la colère de la rue nous embrume
l’esprit.

La révolution n’est pas la récréation

Toute pause de «contemplation» révolutionnaire peut être exploitée par la
contrerévolution. Ne lui ouvrons pas cette brèche. L’on n’a pas le temps de
prendre une récréation. Le pays a besoin de se mettre au travail tout de suite.
Il y a urgence, notre secteur exportateur peut en souffrir -et soufre déjà-
durement. Le parti du travail peut-il et doit-il détruire le travail? Nous avons
conduit ce mouvement d’émancipation jusqu’ici avec réalisme, sachons bannir
l’aventurisme.

En méthodologie, quand il faut choisir et prioriser les objectifs, on dit qu’il
faut tracer le chemin de la raison. Pas de l’obstination.

A méditer !