Le dynamisme de l’Allemagne va donner un coup de pouce à ses voisins

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ère allemande, Angela Merkel, à Berlin le 12 janvier 2011 (Photo : Johannes Eisele)

[21/01/2011 10:41:17] PARIS (AFP) La bonne santé de l’économie allemande devrait rejaillir sur ses voisins européens, qui vont tirer profit de la nouvelle vigueur de sa demande intérieure, mais la France, son premier partenaire commercial, ne devrait en bénéficier que modérément.

La chancelière allemande, Angela Merkel, l’a promis: l’Allemagne restera la locomotive de la zone euro pendant les deux années à venir.

Le pays a relevé mercredi sa prévision de croissance pour 2011 à 2,3%, contre 1,8% attendu jusqu’ici. C’est plus que la moyenne de la zone euro, pour laquelle la Commission européenne table sur une croissance molle de 1,5%.

Par ailleurs, et c’est nouveau, l’économie allemande va profiter dès cette année d’un réveil de la consommation privée, à la faveur d’une décrue ininterrompue du chômage.

Berlin s’attend à une progression de 1,6% des dépenses des ménages, à prix constants, à comparer avec une hausse annuelle moyenne de 0,4% ces dix dernières années.

“Plusieurs pays vont bénéficier de ce dynamisme”, avance Chris Williamson, chef économiste chez Markit. Premiers bénéficiaires, selon lui: les Etats d’Europe de l’Est, parce qu’ils sont sur “la chaîne de production” des industriels allemands.

“Ils vont pouvoir vendre davantage de marchandises aux industriels allemands et de biens de consommation en Allemagne”, explique-t-il.

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Vue de Francfort le 2 juillet 2010 (Photo : Daniel Roland)

Un sentiment partagé par les analystes d’Unicredit: en tant que locomotive, l’Allemagne va “entraîner” d’autres pays.

Les plus grands gagnants, estiment-ils, seront les pays d’Europe orientale et centrale, très dépendants de l’économie allemande, en particulier la République tchèque, la Pologne et la Hongrie, ou encore l’Autriche, dont les exportations vers l’Allemagne ont récemment augmenté.

“Tous les pays autour de nous profitent de la dynamique”, s’est félicité la semaine dernière le président de la fédération des exportateurs allemands BGA, Anton Börner, citant par exemple les fournisseurs des entreprises allemandes en Italie du Nord, en Hongrie ou en République tchèque. “Nous créons des emplois dans tous ces pays”, a-t-il assuré.

Principal partenaire commercial de l’Allemagne, la France est aussi bien placée pour profiter de l’insolente santé de son voisin.

“Une demande intérieure plus forte en Allemagne ne peut certainement pas nous faire de mal”, indique Alexander Law, économiste chez Xerfi. Mais “même si les Allemands consomment plus, cela ne veut pas dire qu’ils vont acheter du +made in France+”, prévient-il.

Pour l’instant, le modèle économique allemand consiste toujours à accumuler des excédents commerciaux, ajoute cet analyste, jugeant que “rien n’est fait pour inciter une consommation à outrance dans le pays”.

Selon plusieurs économistes allemands, la consommation en Allemagne, bien que tirée par la bonne santé de l’économie, est encore loin de connaître un boom.

Dans l’entourage de la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, la prudence reste d’ailleurs de mise. “Le réveil de la consommation en Allemagne sera progressif”, estime-t-on. Et si la France peut en attendre un impact positif, “ce ne sera pas un tremblement de terre”.

En tout cas l’an dernier, “le partage de la valeur ajoutée est sûrement restée davantage favorable aux entreprises allemandes qu’aux ménages”, juge-t-on à Paris.

A plus long terme, les analystes d’Unicredit s’attendent cependant à une forte hausse de la demande allemande pour les biens de consommation fabriqués à l’étranger, notamment en France, en Espagne et au Portugal.