Les banques françaises en passe de rater le train des fusions-acquisitions

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ût 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[21/01/2011 12:58:00] PARIS (AFP) Le temps des grandes manoeuvres sur le marché des fusions et acquisitions semble relever du passé dans le secteur bancaire français, au moment où les établissements digèrent les rachats effectués ces dernières années et jouent de prudence face au nouveau cadre réglementaire.

Si le marché tous secteurs confondus semble tourner au ralenti en France, avec 99 milliards d’opérations en 2010, l’année 2011 devrait voir émerger des accords d’importance, impliquant GDF Suez, Axa ou encore Sanofi-Aventis.

Les grandes absentes restent les banques françaises qui se tiennent pour l’essentiel à l’écart de projet de rachats ou de cessions.

Rares exceptions fin 2010, le Crédit du Nord, filiale de la Société générale, a acquis la Société marseillaise de Crédit (SMC) et le Crédit Mutuel-CIC a pris 5% du capital de l’espagnol Banco Popular qui va créer une nouvelle banque en Espagne.

Pour le reste, les velléités de rachat sont discrètes, ce qui s’explique d’abord par la grande vague d’acquisitions de ces dix dernières années.

Depuis la fusion entre BNP et Paribas en 1999, les établissements n’ont eu de cesse de se renforcer, notamment entre 2005 et 2008, “la période du développement à l’international”, observe Raphaël Jacquemard, associé chez KPMG, en charge des transactions dans le secteur bancaire.

Ce mouvement a culminé avec le rachat en 2008, en pleine crise financière, de la banque belgo-néerlandaise Fortis par BNP Paribas.

“Compte tenu de la crise de 2008, beaucoup d’opérations de rapprochement ont été réalisées dans le secteur bancaire, précédant le reste du marché”, selon Jean-Louis Dufloux, directeur général d’Equinox consulting.

“Toutes les restructurations ont été faites à un rythme extrêmement rapide parce que c’était un peu un effet pompier”, explique-t-il

Désormais les banque vivent “une période d’attentisme en termes d?acquisition”, selon Fabrice Odent, associé chez KPMG et responsable de l’activité banque et finance.

Il faut dire que la concentration est forte en France, notamment dans la banque de détail, où cinq groupes (BNP Paribas, Société Générale, CM-CIC, Crédit Agricole et BPCE) se partagent le marché.

Un autre frein, note Pierre Flabbée, analyste financier chez Kepler Capital Markets, est que “la valorisation des actions des acheteurs potentiels tout comme celles des vendeurs n’est pas très élevée”.

Or, traditionnellement et dans la majorité des secteurs, “les opérations se font proches des pics de valorisation”, selon lui.

Les établissements sont refroidis en outre par la mise en place du nouveau cadre réglementaire, dit Bâle III, d’ici 2018, davantage contraignant en termes de fonds propres et de liquidités.

“Les périodes d’incertitudes réglementaires ne sont jamais propices à des grandes opérations stratégiques d’acquisition”, résume M. Jacquemart.

Les banques pourraient néanmoins être contraintes de vendre quelques actifs pour se recentrer sur leur coeur de métier.

En 2010, la banque Natixis a cédé des activités de capital-investissement pour compte propre en France à Axa Private Equity.

Une autre option consiste à privilégier la mutualisation des moyens dans certains métiers, à l’instar de Crédit Agricole et Société Générale qui ont créé une société commune dans la gestion d’actifs, Amundi.

Crédit Agricole est également en cours de discussions dans le courtage avec le chinois Citic Securities.

Enfin, les banques peuvent regrouper un ou plusieurs métiers au sein d’un centre de service à l’étranger, dans l’informatique ou la comptabilité par exemple, ce qui peut conduire éventuellement à des délocalisations.

“Dans ce domaine, les banques françaises sont un peu à la traîne par rapport à d’autres, comme les anglo-saxonnes. Pour l’instant c’est vraiment à l’état de réflexion”, observe Hervé Demoy, associé chez PricewaterhouseCoopers France.