Un air de démocratie souffle sur la Tunisie

Les événements qui se sont précipités ces derniers jours en Tunisie, a levé le voile sur un peuple assoiffé de liberté. Auparavant, cet espace de liberté se manifestait surtout dans le domaine du sport où on se permettait à travers des émissions télévisées et des articles de journaux de critiquer et de dénoncer les dépassements, quoique avec réserve parfois. Ce qui se passe actuellement est que tout le monde parle politique. Un internaute l’a bien exprimé sur twitter en indiquant qu’«on est passé de dix millions d’analystes sportifs à dix millions d’analystes politiques!»

Dans les maisons, les rues, les bureaux, les cafés, une liberté de ton et d’actes se propage. On discute la composition du nouveau gouvernement, on évoque la nécessité de dissoudre le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, parti au pouvoir jusqu’à la chute du régime Ben Ali), le gèle des avoirs de la famille Ben Ali, la nouvelle Constitution, etc. La liberté d’expression est devenue perceptible. Le mur de la peur est tombé. Est-ce un premier pas vers la démocratie? Il n’est pas judicieux de répondre à cette question alors qu’on est encore dans une phase transitoire où nombre de questions n’ont pas encore été tranchées.

Mais il s’avère que cet avant-goût qu’on est en train de vivre requiert de la vigilance. Une vigilance par rapport à cette pratique de la vie politique que nos responsables n’arrivent pas encore à maîtriser alors qu’ils ont besoin plus que jamais de la confiance du peuple. L’allocution du ministre de l’Intérieur lors du «soi-disant» point de presse, le 17 janvier 2011, en dit quelque chose. Pour les observateurs et pour certains Tunisiens, ce discours est le réflet de l’ancien discours et une continuité de la manipulation.

Nos responsables ont été dépassés par les événements et ne saisissent pas encore la teneur de leur discours; leur manière de communiquer et leur façon de présenter les choses doivent changer. Les Tunisiens ne tolèrent plus la langue de bois, ni le langage des chiffres ni le ton de la manipulation. La pratique démocratique est certes nouvelle pour tous, peuple et politiciens. Désormais, on devrait s’y mettre au jeu démocratique et respecter aussi ces déraillements. Pendant 23 ans, la Tunisie a vécu dans l’autoritarisme et la dictature. La démocratie est encore un concept flou. Mais cette liberté de ton qui s’est emparée de la rue tunisienne laisse entrevoir une jolie métamorphose.

Lors d’un débat télévisé sur une chaîne privée tunisienne, on a demandé à un jeune ce que signifie la démocratie pour lui, il a répondu: «Je ne sais pas. Vous me demandez quelque chose que je n’ai jamais connu et que je n’ai jamais pratiqué. Je répondrais à votre question lorsque je l’aurais pratiqué!». C’est tout dire.

En tout cas, l’apprentissage de la démocratie est devenu un devoir mais aussi un droit auquel chacun devra s’y prêter, bien que dans les médias officiels, la langue de bois et la mainmise du pouvoir persistent et qu’on soit encore loin des aspirations du peuple… Mais nul dout que ça viendra!