Vue, prise le 12 janvier 2011 du port de Nantes-Saint-Nazaire (Photo : Damien Meyer) |
[22/01/2011 09:08:50] PARIS (AFP) Pour la deuxième semaine consécutive, l’activité des ports français est perturbée depuis vendredi et pour quatre jours en raison d’une grève à l’appel de la CGT des ports et docks, alors que les négociations sur la prise en compte de la pénibilité sont au point mort.
Vendredi à Marseille-Fos, le trafic était très perturbé, seule l’activité pétrole n’étant pas touchée, a annoncé le port.
Au Havre, les 2.000 dockers ont observé le mouvement, qui a provoqué l’arrêt de l’activité sur les terminaux à conteneurs.
A Bordeaux comme à La Rochelle, tous les dockers étaient en grève, d’après la CGT. Aucun bateau n’était déchargé.
Le port de Nantes-Saint-Nazaire était également quasiment bloqué, selon une source syndicale.
A Rouen, une partie des dockers a aussi cessé le travail, selon la direction.
En revanche le port de Dunkerque, où la CGT est très minoritaire, a fonctionné normalement.
Ces arrêts de travail, qui se sont multipliés depuis la réforme des ports en 2008, sont régulièrement dénoncés pour leurs conséquences économiques. L’Association nationale pommes poires a donné vendredi de la voix, soulignant le péril pour les produits frais de ces “blocages à répétition”.
Mais pour Tony Hautbois, secrétaire général de la CGT des ports et docks, “la motivation est importante et l’ensemble des ports resteront fermés totalement ou partiellement pendant quatre jours”.
Les dockers sont appelés à cesser le travail de nouveau dimanche, et les agents portuaires samedi et lundi.
“Nous n’avons aucune information de Thierry Mariani (secrétaire d’Etat aux Transports, ndlr) et la situation est bloquée”, selon le leader du puissant syndicat.
La CGT veut faire valider un accord trouvé fin octobre avec les organisations patronales, qui devait permettre des départs à la retraite quatre à cinq ans avant l’âge légal pour 5 à 6.000 travailleurs portuaires, avec un financement reposant sur la branche mais également sur des fonds publics.
L’espérance de vie des travailleurs portuaires est “très basse, jusqu’à dix ans inférieure à la moyenne nationale”, justifie Guy Garnier, médecin du travail au port de Marseille, interrogé dans le quotidien L’Humanité.
Le gouvernement demande lui une reprise des négociations sur la pénibilité “dans le cadre défini par la loi de novembre 2010 portant réforme des retraites”, ce qui réduirait à deux ans l’anticipation des départs et ferait que moins de personnes seraient concernées.
L’Union des ports français, qui représente les sept Grands ports maritimes, dont l’Etat est l’actionnaire unique, a reçu un mandat du gouvernement en ce sens. L’autre organisation patronale, l’Unim (industries de la manutention), affirme “subir la situation après avoir négocié patiemment sur la pénibilité depuis 2005”.
“Les pouvoirs publics nous mettent dans une situation difficile, à eux de trouver une solution”, glisse un dirigeant à l’AFP.
Les deux organisations ont été reçues mercredi par le cabinet de M. Mariani et le seront de nouveau mercredi prochain.
Selon Christian Leroux, président de l’Union maritime et portuaire (Umep) du Havre, il a été “expliqué clairement que pour l’exécutif au plus haut niveau il n’était pas question de déroger à la nouvelle loi (sur les retraites), dès la première négociation”.
Pour leur part, les responsables CGT se réuniront mardi pour décider des suites du mouvement. Ils ont reçu le soutien de l’International dockworkers council, regroupant des syndicats européens, qui a appelé ses adhérents à refuser de traiter les navires détournés des ports français.