à Paris (Photo : Miguel Medina) |
[22/01/2011 20:46:54] PARIS (AFP) La direction de Renault voulait être absolument sûre, grâce à une enquête interne, de la gravité de l’affaire d’espionnage industriel qui a touché le groupe, avant de prévenir le gouvernement et la justice, a expliqué son PDG Carlos Ghosn dans un entretien publié samedi.
“Il fallait faire nous-mêmes des premières recherches pour nous forger une opinion sur la gravité de l’affaire”, a déclaré à l’hebdomadaire Le Journal du Dimanche le patron de Renault, qui a lancé cette enquête interne en août 2010, mais n’a prévenu les autorités que début janvier 2011.
“Renault a des procédures très précises pour ce genre d’affaires. J’ai décidé que les processus habituels devaient être utilisés”, a-t-il insisté, se disant “surpris et choqué”, et ajoutant que “compte tenu de la gravité de la situation, il ne fallait ni se hâter, ni ralentir les choses”.
Se refusant à confirmer que Renault a employé des détectives privés, M. Ghosn, qui dit avoir “suivi personnellement l’avancement de ce processus au fur et à mesure”, est formel: “Nous avons été irréprochables par rapport à la loi”.
“Nous sommes arrivés à la conclusion que ce qui est sorti ne correspond pas à des informations technologiques. Il pourrait s’agir d’informations sur notre modèle économique. (…) Ce qui est visé, c’est notre stratégie dans la voiture électrique”, Renault étant le seul constructeur à fabriquer à la fois la batterie, les moteurs et les chargeurs, a-t-il indiqué au JDD.
Quant au destinataire de ces informations, “je n’ai pas de conviction sur ce point”, a-t-il noté.
“Nous attendons les résultats de l’enquête dont on me dit qu’elle devrait durer plusieurs mois”, a-t-il dit, alors son groupe et le contre-espionnage – désormais chargé de l’affaire – privilégieraient une “piste chinoise”, selon la presse et les spécialistes de l’intelligence économique.
“Je n’ai pas à polémiquer ou à prendre position. Je ne me préoccupe que de la sauvegarde des intérêts de Renault”, a insisté Carlos Ghosn.
Renault a déclenché en août 2010 une enquête interne après l’envoi d’une lettre anonyme.
L’affaire a conduit à la mise à pied de trois cadres du constructeur soupçonnés d’avoir diffusé des informations sensibles, et au dépôt le 13 janvier d’une plainte contre X “pour des faits constitutifs d’espionnage industriel, de corruption, d’abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée”.
Le contre-espionnage a été chargé d’une enquête, alors que le ministre de l’Industrie Eric Besson a regretté de n’avoir été mis au courant qu’au dernier moment.
L’affaire concerne le projet phare de véhicule électrique de Renault, un enjeu colossal pour le groupe qui y a investi 4 milliards d’euros avec son allié japonais Nissan.