Une personne surfe sur internet (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[24/01/2011 16:55:21] PALO ALTO (Etats-Unis) (AFP) Internet est à court d’adresses, ce qui rend urgent le basculement sur un nouveau standard d’adresses IP, prévient l’Icann, l’organisme chargé de réglementer les noms de domaine sur internet pour le monde entier.
“Le grand réservoir qui distribue les adresses va être à sec dans les semaines qui viennent”, explique un ingénieur de Google, Lorenzo Colitti, qui prépare le basculement du géant d’internet au nouveau standard. “En un sens, on fonce dans le mur. Il faut faire quelque chose, et (le nouveau standard) IPv6 est la seule solution réelle à long terme”.
Actuellement, internet fonctionne avec le standard IPv4, qui permet l’existence de “seulement” 4 milliards d’adresses géré par l’Icann.
Cela fait plusieurs années que l’Icann demande l’adoption du nouveau standard IPv6, qui permet l’existence d’environ 340 sextillions d’adresses (soit 340 fois 10 suivi de 36 zéros): suffisamment pour que mille milliard de gens disposent chacun de mille millards d’adresses IP, selon le président de l’Icann Rod Beckstrom.
“J’imagine que si on trouvait une façon d’attacher une adresse IP à chaque atome on pourrait commencer à avoir des problèmes”, ironise M. Beckstrom, interviewé à son bureau de Palo Alto. “Pour ce qui est du nombre d’objets que les humains possèdent et utilisent, je pense qu’on est assez tranquille”, ajoute-t-il.
“L’une des raisons pour lesquelles il faut si longtemps pour changer, c’est qu’il n’y a pas d’avantage évident pour l’IPv6”, explique pour sa part M. Colitti, et que le basculement exige des investissements.
à Palo Alto le 20 janvier 2011 (Photo : Ryan Anson) |
Mais avec déjà près de sept milliards d’humains sur terre, le standard IPv4 ne permet pas à chacun d’avoir une adresse en ligne attachée à chacun de ses appareils électroniques.
Une fois que l’Icann aura fini de distribuer des adresses au standard IPv4, les ordinateurs et autres baladeurs ou téléphones portables devraient pouvoir partager des références, au lieu d’avoir des numéros identifiants uniques.
“Il va falloir commencer à partager avec les gens autour de nous, et ça pose un problème parce que les applications ne savent pas faire la différence”, explique M. Colitti . “Si mon voisin figure sur une liste noire, ce sera aussi mon cas”.
“Internet n’arrêtera pas de fonctionner, il va juste se dégrader lentement”, ajoute-t-il, car les systèmes finiront par avoir du mal à gérer plusieurs connexions à la fois sur des adresses partagées.
Pour l’heure, l’effort et l’investissement nécessaires pour basculer sur le standard IPv6 reposent surtout sur les founisseurs d’accès, qui doivent faire en sorte que leurs réseaux puissent gérer ces nouvelles adresses et router le trafic.
Les consommateurs ne devraient rien remarquer: les séries de chiffres identifiant les adresses internet devraient continuer de leur apparaître sous la forme habituelle, du genre icann.org ou google.com. Certains pourraient toutefois avoir besoin de renouveler leurs routeurs ou leurs modems.
“L’important c’est que les consommateurs ne paniquent pas”, assure M. Colitti, démentant tout risque d'”IPocalypse”.
“Mais il est important que les acteurs du secteur travaillent ensemble”, selon lui.
Google et Facebook, ainsi que d’autres acteurs du secteur, doivent ajouter des adresses IPv6 à leur système lors d’un essai d’une journée au printemps afin d’identifier d’éventuels problèmes: la journée mondiale de l’IPv6 commencera à 00h01 GMT le 8 juin.
Un basculement total sur l’IPv6 devrait cependant prendre plusieurs années, pendant lesquelles ce qui reste d’adresses IPv4 continuera à être distribué pour faire la transition, selon M. Beckstrom.
A terme, l’IPv6 promet toujours plus d’objets “intelligents” – jusqu’aux bouteilles de vin qui pourraient prévenir à quel moment leur contenu obtient son meilleur bouquet.