Sécurité : Air France s’engage à appliquer recommandations de mission externe

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éroport Roissy-Charle-de-Gaulle le 3 juin 2010 (Photo : Eric Piermont)

[24/01/2011 20:14:04] PARIS (AFP) Air France s’est engagée lundi à appliquer les recommandations d’une mission externe sur la sécurité de ses vols sans toutefois en dévoiler le contenu, qui serait “très critique”, selon la presse américaine.

“La mission a présenté 35 recommandations s’inscrivant dans la logique d?amélioration continue de la sécurité des vols engagée par la compagnie. (…) La plupart des recommandations seront mises en oeuvre rapidement selon un calendrier qui va maintenant être défini et suivi dans les instances concernées de l’entreprise”, selon un communiqué.

L’accident du vol Rio-Paris le 1er juin 2009, qui a fait 228 morts et dont les causes restent pour l’heure indéterminées, avait suscité la méfiance d’une partie des personnels d’Air France à l’égard de la direction, certains accusant même cette dernière de négligence en matière de sécurité.

Face aux critiques, Air France avait décidé de faire appel à des experts internationaux.

Le travail de cette mission (“Independent Safety Review”) avait été initié en décembre 2009 et s’était poursuivi tout au long de l’année dernière.

Selon le Wall Street Journal, le rapport est “très critique”. Il pointerait du doigt en particulier l’entraînement des pilotes ainsi que “certains manquements à la discipline dans le cockpit”. Il recommanderait en outre de sensibiliser davantage les équipages aux dysfonctionnements des systèmes automatiques.

La mission “n’a relevé aucun écart de conformité par rapport à l’application des réglementations en vigueur”, souligne pour sa part Air France, point qui n’était pas contesté par les pilotes.

En revanche, certains syndicats de pilotes, à l’instar d’Alter, n’ont eu de cesse de déplorer que la direction “se contente du minimum” en matière d’application des règles.

La compagnie rappelle enfin qu’elle a déjà mis en oeuvre les recommandations préliminaires de la mission comme la création, au sein du conseil d’administration, du comité de sécurité des vols, ou le lancement d?une campagne d?observations en vol, le LOSA (Line Operations Safety Audit), déjà pratiquée dans d?autres compagnies aux Etats-Unis, en Asie et en Australie.

Un porte-parole avait annoncé plus tôt lundi que le rapport était présenté en interne. Le syndicat majoritaire, le SNPL, s’est refusé à commenter le rapport pour le moment.

Huit experts indépendants ont participé à cette mission dont un ancien ingénieur en chef du constructeur américain Boeing, Curtis Graeber, un ancien administrateur de l’autorité américaine de l’aviation civile (FAA), Nicholas Sabatini, le directeur en charge de la sécurité de la compagnie australienne Qantas, Geoff Sartori, ainsi qu’un expert de l’université de l’Etat de l’Ohio, David Woods.

“Air France est la première grande compagnie aérienne à s’être soumise, sur sa seule initiative, au regard d’experts externes”, a commenté Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d’Air France-KLM.

Cité dans le communiqué du groupe, il estime enfin qu’avec la mise en oeuvre de ces recommandations, “Air France va porter sa performance en matière de sécurité aérienne au plus haut niveau possible”.

Dans un entretien au site du Figaro, il a précisé que la compagnie allait par exemple allouer à tous ses vols long et moyen courriers un “dispatcher”, un technicien chargé d’apporter un “soutien opérationnel permenent” aux “équipages dans toutes les phases du vol”.

Ce “dispositif entrera progressivement en service (…) dès la fin de l’été”, a ajouté M. Gourgeon, précisant que ces personnes seraient dotées “des meilleurs outils informatiques” au prix d’un “effort considérable d’investissement”, non chiffré.