éoliennes en mer le 3 mars 2005 au large du Danemark. (Photo : Jorgen True) |
[25/01/2011 07:06:45] PARIS (AFP) Pour la première fois, des éoliennes vont se dresser au large des côtes françaises: Nicolas Sarkozy doit lancer, mardi à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), l’appel à projets attendu depuis plusieurs mois pour la construction de 600 turbines en mer à l’horizon 2015.
L’appel à candidatures, comme l’annonçait en octobre l’ex-ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, devrait concerner l’installation de 3.000 megawatts (MW) en mer pour un investissement de 10 milliards d’euros environ.
Cinq sites devraient être retenus, selon le Figaro, pour accueillir ces premières éoliennes offshore françaises, qui ne seront pas opérationnelles avant 2015, de Saint-Nazaire au Tréport (Seine-Maritime) en passant par Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Brieuc.
Au terme de plusieurs mois de tergiversations, les modalités de l’appel à projets ont été arbitrées jeudi par le gouvernement. Nicolas Sarkozy doit en détailler les modalités mardi et la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet présenter le projet en Conseil des ministres mercredi.
Le ministère espère que ce projet donnera un “nouveau souffle” au Grenelle de l’environnement alors que le moratoire imposé à la filière photovoltaïque soulève depuis quelques semaines des interrogations sur les ambitions environnementales du gouvernement.
A travers le Grenelle, la France, pour atteindre un objectif de 23% d’énergie renouvelable dans sa consommation d’énergie en 2020, veut se doter d’un parc éolien de 25.000 MW, dont 6.000 MW en mer. Aujourd’hui, l’éolien terrestre fournit moins de 2% de la consommation française.
La France se lance dans le bain de l’éolien en mer alors que la Grande-Bretagne, leader européen, a déjà installé plus de 1.300 MW et le Danemark plus de 850, selon l’Association européenne de l’énergie éolienne.
L’objectif du gouvernement est de permettre le développement d’une véritable filière industrielle française dans l’éolien (11.000 emplois actuellement) alors que les grands fabricants sont aujourd’hui danois (Vestas), américain (GE Energy), chinois (Sinovel) ou allemand (Enercon).
Alstom, l’un des deux groupes français avec Areva pouvant fabriquer des turbines, a annoncé la semaine dernière son association avec EDF Energies Nouvelles pour équiper en exclusivité, à partir de 2013, les parcs éoliens en mer développés par l’électricien.
Selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER), près de 200 entreprises françaises sont susceptibles de profiter du développement de l’éolien en France.
Afin d’encadrer ce développement et éviter l’explosion des volumes comme dans le photovoltaïque, l’Etat ne fixera pas de tarif de rachat pour l’éolien en mer. Ce sont les industriels candidats qui proposeront dans leur projet un prix de revente de l’électricité à EDF.
Un arrêté ministériel fixe actuellement le rachat de l’électricité éolienne offshore à 13 centimes d’euro le kW/h, mais ce tarif “ne permet pas une rentabilité suffisante des projets”, selon Marion Lettry, responsable éolien au SER, rappelant que ce prix se situe en Allemagne “entre 16 et 18 centimes”.
“C’est le consommateur qui va payer”, dénonce la Fédération environnement durable (FED, 740 associations et collectifs opposés aux éoliennes) qui fustige le “subventionnement” de l’énergie éolienne alors que “ça ne va créer aucun emploi en France”, selon son vice-président Michel Broncard.
Mais au-delà de la bataille économique, les industriels vont devoir aussi livrer celle de l’opinion, comme l’illustre la forte opposition rencontrée au Tréport par l’imposant projet (141 éoliennes, 700 MW) de la Compagnie du Vent (filiale de GDF Suez).