éenne, à Francfort, le 28 juin 2005 (Photo : John Macdougall) |
[25/01/2011 09:35:06] BRUXELLES (AFP) Le débat fait toujours rage au sein de la zone euro entre partisans et adversaires des euro-obligations pour régler la crise de la dette, alors qu’en réalité elle s’est déjà engagée sur cette voie sans le crier sur les toits.
L’Union monétaire a en effet franchi un cap mardi avec la toute première émission obligataire de son Fonds européen de stabilité financière (FESF), destinée à lever entre 3 et 5 milliards d’euros pour alimenter le plan d’aide financier promis fin 2010 à l’Irlande, en association avec le FMI.
Créé en mai 2010 dans le sillage de la crise grecque pour sauver l’euro, il n’avait encore jamais servi. Athènes avait aussi bénéficié l’an dernier d’un plan de sauvetage international, mais via un dispositif distinct.
La force de frappe européenne se compose aujourd’hui de deux armes.
D’une part, le FESF, un Fonds de secours doté de 440 milliards d’euros qui emprunte sur les marchés de l’argent pour les pays en difficulté grâce à des garanties apportés par les différents Etats de l’Union monétaire.
D’autre part, le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), doté de 60 milliards d’euros garantis eux par le budget de l’UE. Il a déjà amorcé la pompe pour l’Irlande en empruntant avec succès 5 milliards d’euros début janvier.
Pour l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, aujourd’hui chef de file des élus libéraux au Parlement européen, “on a déjà commencé” à faire des euro-obligations pour l’Irlande avec ces outils.
Et à présent, il convient d’aller plus loin et de franchir “le pas vers un système de marché obligataire pour couvrir une partie des dettes publiques” en Europe”, a-t-il estimé.
“Actuellement, le plus grand marché obligataire au monde est celui qui soutien le dollar”, a ajouté M. Verhofstadt, chaud partisan des euro-obligations, “or les Chinois sont ravis qu’on commence à émettre des obligations en euros”.
Autre promoteur de l’idée, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, se veut confiant.
écembre 2010 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
A ses yeux, le succès sur les marchés des premières émissions européennes pour l’Irlande est encourageant. “Quand ça s’appelle zone euro, la confiance est là, ça me rend confiant quant à d’autres propositions qui ont été faites récemment”, a-t-il glissé.
Pour autant, si l’opération sauvetage de l’Irlande a le goût des euro-obligations, la zone euro en est encore loin.
Le projet d’euro-obligations passe certes par une mutualisation des emprunts publics par plusieurs pays, pour permettre aux plus fragiles d’être protégés sous le parapluie commun en s’endettant à moindre coût. Mais il suppose surtout que cela se fasse à très grande échelle.
“Il faudrait le faire sur une échelle qui créerait un actif avec un marché profond, liquide”, ce qui n’est pas le cas actuellement, souligne Jean Pisani-Ferry, de l’institut de recherche Brueggel.
Pour y parvenir, les pays de la zone euro devraient accepter de mutualiser une très grande partie de leurs obligations, au moins la moitié. Or, l’Allemagne, qui bénéficie aujourd’hui des meilleurs taux d’intérêt, ne veut pas en entendre parler, de crainte de devoir payer plus cher.
La France, elle-même bien notée par les marchés avec une note AAA, ne ferme pas totalement la porte mais conditionne une telle avancée à des garanties strictes en matière de discipline budgétaire par tous les pays.
“Si vous mettez en place des eurobonds, concrètement vous diluez la force, la solidité de certains (Etats) membres sans avoir intégré ou consolidé la zone euro sur les plans budgétaire et économique”, a relevé Christine Lagarde lundi sur la chaîne américaine CNBC, “je pense que nous devons faire cela avant, après quoi nous pourrons songer aux eurobonds”.