Hausse des prix alimentaires : UFC-Que Choisir craint pour le consommateur

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é (Photo : Philippe Desmazes)

[25/01/2011 17:46:16] PARIS (AFP) Hausses des prix agricoles toujours répercutées en rayon, baisses pas ou mal répercutées: alors que les prix des matières premières flambent à nouveau, l’association UFC-Que Choisir dénonce la constitution d’une “cagnotte” pour les distributeurs et les industriels, au détriment du consommateur.

Depuis six mois, les prix des matières agricoles sont repartis fortement à la hausse, un scénario qui rappelle la flambée de 2007, a souligné Alain Bazot, président de l’association, lors d’une conférence.

Si une répercussion doit avoir lieu pour le consommateur, “il faut démontrer qu’elle est strictement justifiée”, a-t-il déclaré, alors qu’elle est présentée comme “inéluctable”. Selon l’association, la hausse a commencé, et elle est plus forte sur les marques nationales que sur celles des distributeurs.

Le sujet est d’autant plus sensible que l’alimentation représente 13,5% des dépenses des ménages, et même 17% pour les plus modestes, a-t-il souligné.

Et ce budget est “pratiquement incompressible”: en cas d’envolée des prix, les Français sont contraints d’acheter moins de produits, ou de descendre en gamme.

L’association a étudié l’évolution des prix du lait et du filet de poulet, depuis 2000, et en déduit que “les hausses de prix agricoles sont systématiquement répercutées en rayon” mais que leurs baisses “ne sont pas ou mal répercutées”.

En dix ans, le prix du lait payé aux producteurs a progressé de 0,7% à 30,1 centimes le litre. Mais, pour le consommateur, le prix de la brique de lait UHT demi-écrémé a bondi de 17% à 72 centimes le litre, souligne l’association.

Pour le filet de poulet, le prix payé aux éleveurs a augmenté dans le même temps de 20%, à cause de la hausse du prix des céréales, mais pour le consommateur, l’adition a augmenté de 37%.

Entre le prix versé au producteur et celui facturé au consommateur, s’ajoutent la TVA et les marges brutes des intermédiaires (industriels, distributeurs).

Selon les calculs de l’association, depuis 2000, les distributeurs et les industriels ont engrangé “une cagnotte” de 1,6 milliard d’euros pour le lait et de 7,7 milliards d’euros pour le poulet.

“On a assisté à une confiscation de la baisse des prix agricoles” au “détriment des consommateurs et des agriculteurs”, a estimé M. Bazot.

Il ne faut toutefois pas confondre marges brutes et bénéfices, a souligné Olivier Andrault, spécialiste de l’alimentation à l’association, car les intermédiaires doivent payer les charges, les coûts salariaux, l’énergie…

L’UFC-Que Choisir demande que l’Observatoire des prix et des marges “identifie enfin les causes réelles de l’inflation des marges brutes de l’industrie et de la distribution”.

Elle réitère sa demande que les pouvoirs publics mettent en place “un coefficient multiplicateur sur les prix des produits alimentaires bruts ou peu transformés” (un rapport entre le prix d’achat et le prix de vente pour limiter l’écart).

L’Observatoire “fait bien son travail” et montre qu’il n’y a pas de trésor caché quelque part”, a rétorqué le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier.

Il regrette que l’étude de l’UFC ne prenne pas en compte les promotions, “qui représentent 40% des ventes du poulet”. Pour le lait, l’Observatoire a constaté une baisse des marges de distributeurs depuis cinq ans, souligne la FCD.

En novembre, l’association de consommateurs CLCV avait réclamé que l’Observatoire des prix et des marges analyse les marges nettes.

Selon M. Bédier, “les marges nettes moyennes d’un distributeur se situent entre 1,5 et 2%”.