à Dublin, le 12 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly) |
[25/01/2011 18:45:17] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a réussi son baptême du feu, mardi, en levant 5 milliards d’euros sur le marché obligataire pour financer le plan d’aide à l’Irlande, un succès que son directeur espère voir convaincre les marchés de la solidité de la zone euro.
La demande a été neuf fois plus élevée que l’offre (44,5 milliards d’euros), du jamais vu jusqu’ici dans le monde, a affirmé l’Allemand Klaus Regling venu annoncer à Francfort (ouest) la bonne nouvelle et réclamer des investisseurs qu’ils cessent de spéculer sur un effondrement de la zone euro, “une idée absurde”.
“C’est peut-être un tournant” dans la crise de dette de la zone euro, a-t-il dit, avant d’ajouter: “j’espère que les marchés vont comprendre que l’euro est là pour durer et que nous faisons tout ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité financière”.
Le FESF, basé au Luxembourg et qui jouit des garanties de tous les pays de la zone euro, a été créé au lendemain de la crise de la dette grecque, au printemps 2010, pour doter la zone d’un fonds apte à venir en aide aux pays en difficulté. Jusqu’ici, seule l’Irlande a dû y faire appel.
Dublin a négocié en novembre avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) un plan de secours d’un montant total de 85 milliards d’euros – dont 17,5 milliards de sa poche – réparti sur plusieurs années et destiné notamment à renflouer son secteur bancaire.
Dans le cadre de ce plan, le FESF lèvera jusqu’à 16,5 milliards d’euros en 2011 et 10 milliards en 2012. Pour 2011, trois émissions obligataires sont prévues, dont deux au premier semestre.
L’opération de mardi n’était que la première d’une série.
Plus de 500 investisseurs institutionnels y ont participé, selon M. Regling, qui précise que “la demande a été très forte en Asie”, de l’ordre de 38% du total levé, le Japon ayant notamment souscrit 20% des obligations émises.
Les titres de cette première émission à cinq ans portent un taux d’intérêt de l’obligation de 6 points de base au-dessus du taux sans risque (appelé “mid-swap”) de même maturité, soit 2,89%, a précisé M. Regling.
L’Irlande, qui ne recevra que 3,3 milliards du produit de l’opération, le reste servant d’encaisses de précaution, devra payer des intérêts d’environ 6%.
Quant à savoir si cette émission constitue, avec celle le 5 janvier du Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) -l’autre outil de l’Union européenne pour emprunter sur les marchés pour financer l’aide à l’Irlande- constitue l’amorce des euro-obligations défendues par certains responsables européen, M. Regling a botté en touche.
“Ce n’est pas la première fois que l’Europe émet des obligations garanties par un ou plusieurs Etats. La nouveauté aujourd’hui c’est qu’elle est garantie par 16 Etats”, a-t-il dit.
Il a aussi refusé de commenter le débat actuel sur la taille du fonds.
S’il peut emprunter jusqu’à 440 milliards d’euros, sa capacité de prêt est en effet inférieure, de l’ordre de 250 milliards d’euros, en raison de la nécessité de constituer des réserves, afin d?assurer le triple A des agences de notation.
L’Allemagne en particulier refuse catégoriquement de parler d’augmentation du Fonds et veut reporter toutes les décisions à ce sujet au mois de mars, là où Bruxelles appelle à agir vite.
Mardi soir, la chancelière Angela Merkel recevait le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, favorable à l’augmentation, pour un dîner de travail près de Berlin.
Une augmentation du fonds et de son rayon d’action, “nécessaires”, selon les analystes de Capital Economics, ne résoudraient toutefois pas “les profonds problèmes budgétaires et économiques de la zone”.