Le nucléaire français “n’est pas en soldes”, s’énerve le patron d’EDF

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ôtel Matignon le 30 juillet 2010 (Photo : Bertrand Guay)

[26/01/2011 12:30:02] PARIS (AFP) Le nucléaire français “n’est pas en soldes”, s’est énervé mercredi le patron d’EDF, Henri Proglio, en qualifiant de “bêtises” et de “stupidités” les demandes des concurrents du groupe public concernant le prix de vente de l’électricité d’origine nucléaire.

“Le nucléaire français n’est pas aujourd’hui en soldes. Je ne suis pas là pour brader le patrimoine national, je ne suis pas là pour accepter le pillage du patrimoine national”, a martelé M. Proglio au cours d’une audition par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.

La nouvelle loi sur la Nouvelle organisation du marché de l’électricité (Nome) va obliger l’ancien monopole public à vendre jusqu’à un quart de la production de ses centrales nucléaires à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc.) à un prix de gros défini par arrêté ministériel.

La fixation de ce prix, dénommé Accès régulé au nucléaire historique (Arenh), donne lieu à de vives passes d’armes entre EDF et ses concurrents.

EDF refuse de vendre son électricité à moins de 42 euros par mégawattheure (MWh) alors que ses concurrents, GDF Suez en tête, demandent un prix de 35 euros/MWh.

“Si quelqu’un est capable de vendre à 30 ou 35 euros le mégawatt sa production, j’achète! Halte aux bêtises! Halte aux contre-vérités! Non aux stupidités”, s’est emporté M. Proglio, reconnaissant qu’il n’était “pas connu pour (ses) qualités de diplomate”.

“Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents”, a-t-il poursuivi.

“Il n’est pas de ma responsabilité, de ma feuille de route, de faire travailler 170.000 personnes pour faire des cadeaux à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité d’ouvrir le bilan au pillage, je ne l’accepterai pas”, a conclu le patron d’EDF.

La semaine dernière, devant la même commission parlementaire, le patron de GDF Suez Gérard Mestrallet avait avancé que le prix de 35 euros était “équitable” puisque c’est “le prix qu?EDF facture aux particuliers”.

“Il n?y aurait aucun pillage puisque EDF ne ferait pas de pertes, mais au contraire une marge”, avait-il affirmé.

“Si l?on veut introduire de la concurrence tout en vendant aux concurrents à un prix supérieur à 35 euros, et a fortiori à 42, cela ne peut fonctionner! Nous n?achèterons pas à 42 pour revendre à 35!”, avait soutenu M. Mestrallet.

Le prix de vente de l’électricité nucléaire doit être déterminé avant le 1er juillet, date fixée par le gouvernement pour la mise en application de la réforme du marché de l’électricité.