éen à la concurrence Joaquin Almunia, à Bruxelles, le 26 janvier 2011 (Photo : Georges Gobet) |
[26/01/2011 13:29:05] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a interdit mercredi, pour la première fois depuis quatre ans, un rapprochement entre entreprises au nom de la concurrence, en mettant son veto à la fusion des deux premières compagnies aériennes grecques, Olympic Air et Aegean Airlines.
Le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia, a assuré devant la presse n’avoir “pas eu le choix” et avoir “pris cette décision pour protéger les consommateurs”.
L’opération risquait d’engendrer “une hausse des tarifs et une baisse de qualité des services proposés aux Grecs et aux touristes voyageant entre Athènes et les îles grecques”, soit au moins 4 millions de personnes par an, a-t-il expliqué.
Ensemble, les deux compagnies contrôlent plus de 90% du marché grec.
Leur fusion “aurait éliminé la concurrence sur 9 liaisons cruciales”, a souligné le commissaire: entre Athènes et Thessalonique, la deuxième ville du pays, ainsi qu’entre Athènes et huit aéroports insulaires (Héraklion et Chania en Crète, Rhodes, Santorin, Mytilène, Chios, Kos et Samos).
“La Commission a pour obligation d’empêcher la création de monopoles”, s’est-il justifié.
Bruxelles a un droit de regard sur les rapprochements entre entreprises depuis 1990, quelle que soit leur nationalité, si elles réalisent un certain chiffre d’affaires dans l’UE.
Mais elle n’utilise que rarement l’arme ultime qu’est le veto. Les entreprises font souvent des concessions pour l’éviter, ou renoncent d’elles-mêmes à leur projet.
Alors que des centaines de rapprochements sont examinés chaque année à Bruxelles, la dernière interdiction remontait à 2007: il s’agissait déjà à l’époque d’un mariage dans le secteur aérien, entre les irlandaises Ryanair et Aer Lingus.
En annonçant leur fusion, en février 2010, Olympic Air et Aegean Airlines disaient vouloir constituer un “champion national” du transport aérien. Mais Bruxelles est généralement réticente à cette idée, souvent synonyme pour elle de protectionnisme national.
Plusieurs des 20 interdictions imposées dans le passé visaient d’ailleurs à empêcher des positions dominantes nationales: c’était le cas pour Ryanair/Aer Lingus, mais aussi pour le projet de mariage EDP/GDP dans l’énergie au Portugal (bloqué en 2004) ou celui entre Volvo et Scania dans l’automobile en Suède (bloqué en 2000).
Dans le cas Olympic/Aegean, Joaquin Almunia a assuré avoir “tout mis en oeuvre pour trouver une solution”.
L’enquête approfondie durait depuis juillet et son échéance a été repoussée plusieurs fois.
Les deux compagnies ont proposé de céder des créneaux d’atterrissage et de décollage dans les aéroports grecs.
Mais “le problème ici n’était pas la disponibilité des créneaux”, a indiqué le commissaire. En effet, l’aéroport d’Athènes et la plupart des autres aéroports grecs ne sont pas saturés.
“Même avec des créneaux disponibles, il n’y avait pas de compagnie pouvant entrer sur le marché” et atteindre une taille suffisante pour concurrencer l’entité fusionnée et la forcer à baisser ses prix sur les liaisons incriminées, a-t-il expliqué.
Quant à des mesures structurelles, comme la cession d’une partie de la flotte ou d’une des deux marques, Olympic et Aegean “n’étaient pas en mesure d’aller jusque-là”, a-t-il regretté.
Joaquin Almunia s’est dit conscient des difficultés des deux compagnies, qui risquent selon certains observateurs de ne pas survivre à l’échec de la fusion, ainsi que de celles traversées plus généralement par l’économie grecque.
Mais “nous ne pouvons pas permettre que des entreprises mettent le fardeau de la crise sur les épaules des consommateurs”, a-t-il commenté.