éléphone portable Nokia (Photo : Jarno Mela) |
[27/01/2011 16:07:17] HELSINKI (AFP) Le numéro un mondial des téléphones mobiles, le finlandais Nokia, doit de l’aveu même de son PDG jeudi “changer vite” pour sauvegarder sa place de monarque d’un secteur en pleine révolution où il a peiné à redresser l’an passé des résultats toujours médiocres.
Après une annus horribilis en 2009 avec une chute de près de 20%, le chiffre d’affaires n’a rebondi l’an passé que de 4% à 42,45 milliards d’euros, à peine au-dessus de son niveau de 2006.
“Pour faire court, le secteur a changé et maintenant il est l’heure pour Nokia de changer plus vite”, lance le nouveau patron de Nokia, Stephen Elop, dans le rapport financier annuel du groupe.
Appelé à la rescousse à l’automne dernier, ce Canadien surnommé “le Général”, premier étranger à diriger Nokia, doit dévoiler une nouvelle stratégie pour le leader mondial lors d’une rencontre avec les investisseurs le 11 février à Londres.
Depuis plus de deux ans, Nokia peine à corriger ses faiblesses sur le juteux créneau des smartphones, où il subit la loi de l’iPhone de l’américain Apple, du BlackBerry du canadien RiM et des téléphones utilisant le système d’exploitation Android de Google.
Sa part de marché, qui avoisinait les 40% il y a encore trois ans, est tombée à 32%. Numéro un mondial incontesté depuis 1998, Nokia voit désormais se rapprocher les coréens Samsung et LG (numéros 2 et 3 mondiaux) sur le moyen de gamme et Apple et RiM, désormais numéros 4 et 5, sur le haut de gamme.
L’an passé, le bénéfice net de Nokia s’est redressé à 1,85 milliard d’euros contre 891 millions d’euros en 2009. Mais au dernier trimestre, il a encore chuté de 21%, même si les analystes craignaient pire.
Les prévisions de marge et de ventes jugées timorées pour le premier trimestre n’ont pas convaincu: après avoir perdu plus de 6% à l’annonce des résultats, l’action Nokia abandonnait vers 13h30 GMT quelque 3,4% à 7,53 euros.
Le titre reste proche de son plus bas niveau de la décennie (6,61 euros) atteint l’été dernier, alors qu’il flirtait avec la barre des 30 euros fin 2007.
“Aujourd’hui, tout tourne autour des smartphones”, explique à l’AFP un analyste de la banque finlandaise FIM, Michael Schröder, en soulignant que ces téléphones multifonctions représentent un quart des ventes en unités, mais la moitié en chiffre d’affaires et probablement les deux tiers des profits de Nokia.
En retard sur ce créneau en croissance de plus de 50% par an, Nokia a été affecté par des retards de lancements, notamment celui de son nouveau téléphone phare, le N8, destiné à concurrencer l’iPhone.
Et le marché attend toujours Meego, son nouveau système d’exploitation développé avec l’américain Intel qui doit moderniser l’actuel, Symbian, jugé dépassé après la percée d’Android.
Des analystes commencent à douter des lourds investissements de Nokia dans la recherche et développement: 3 milliards d’euros par an, soit à peu près autant que les dépenses similaires d’Apple et Google réunis.
“Si vous dites que vous ne voulez pas utiliser Android parce que vous avez Meego, mais que Meego est la même chose qu’Android, quel est l’intérêt?”, s’interroge un analyste de Handelsbanken, Martin Nilsson.
Le nippo-suédois Sony-Ericsson, qui a traversé une crise similaire à celle de Nokia, a changé son fusil d’épaule l’an passé en adoptant largement Android, avec des résultats.
Une autre inquiétude pointe: Nokia est désormais rattrapé par une concurrence accrue sur le moyen de gamme, où il était jusque-là plutôt épargné, avec l’arrivée de modèles sous Android à moins de 70-100 euros, souligne Michael Schröder.