Tunisie : L’honneur de la révolution


revolution-27012011-art.jpgL’idéal révolutionnaire a suscité une ferveur unanime autour du sentiment de
citoyenneté. C’est de bon augure pour le pacte républicain.

Le peuple découvre, avec ravissement qu’il a spontanément retrouvé des réflexes
naturels de civisme. Les files d’attente se tiennent de manière ordonnée. Les
automobilistes s’arrêtent au feu et cèdent la priorité. Un «ticket» de
patriotes, constitué par Ben Salah, Mestiri et Filali se constitue, rien que
pour servir. La Police nationale récuse son étiquette de «forces de l’ordre» et
prête serment public à la révolution. Le peuple se découvre prompt à la
discipline et rebelle à la servitude. La citoyenneté régente l’ordre social.
Dans ce sillage saura-t-elle rythmer l’œuvre de refondation démocratique du
pays? Et, pour ce faire, peut-on confier la maîtrise de l’ouvrage au
gouvernement de coalition?

Une initiative de salubrité publique

La révolution a décapité l’ancien système. Le peuple poursuit le travail par la
mise à l’écart des responsables compromis. Les travailleurs ont fait diligence
en jouant aux auxiliaires de justice en suspendant ces gens de leurs fonctions.
Ayant collaboré hier, on les croit capables de détruire les preuves de leur
compromission, aujourd’hui. Le peuple n’a pas jugé, il a juste fait œuvre de
salubrité politique, le temps que la justice dise son mot. Dans l’attente, il a
pris les mesures conservatoires et c’est une attitude de droit et non de
règlement de compte. Voilà tout.

Couler le RCD, germe d’une crise politique?

La fixation sur la dissolution du RCD vire à l’obsession. La commission
supérieure a bien promis de le démanteler, c’est-à-dire de lui retirer tout ce
qu’il a usurpé, le privant de sa logistique de mobilisation et de propagande.
Aller jusqu’à la lobotomie alors que la révolution l’a mis sur une voie de
faillite idéologique ne serait pas raisonnable. La révolution est là pour
construire et non pour exclure. Sous peu, nous allons voter, dans la
transparence. Laissons les urnes arbitrer. Nous serons en cohérence avec
nous-mêmes.

Le compromis historique

La révolution doit aller jusqu’au bout du chantier démocratique. Il n’existe pas
de mode d’emploi, en la matière. La révolution doit écouter son génie propre,
celui-là même qui a fait son trait d’individualité et la force de son identité
et non les démons de sa colère. Elle doit tracer son itinéraire. Nous découvrons
que l’article 57 nous mène dans une impasse constitutionnelle. Aller tout de go
vers des élections présidentielles n’est pas la solution idéale. Un processus
inverse, «bottom up» s’impose à nous. Donnons-nous du temps pour faire les
choses dans leur ordre naturel et commençons par une assemblée constituante.

Le gouvernement d’union nationale, encadré par les trois commissions met Son
plan d’action comme caution vis-à-vis du peuple. Sommes-nous prêts à pactiser
avec lui dans le cadre d’un compromis historique? Nous sommes à un tournant de
notre histoire similaire à celui de l’indépendance. Nous avons bien validé
l’autonomie interne comme un pas en avant. Le reste a suivi. L’honneur de la
révolution est de réussir notre basculement démocratique. Faisons confiance et à
Dieu va. De toutes les façons, notre foi est intacte, si les choses deviennent,
on refait le match.