Grèves dans les ports : Le Havre a déjà perdu 50 escales de navires en 2011

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Conteneurs au port du Havre le 12 juillet 2010 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[28/01/2011 06:15:41] LE HAVRE (AFP) La grève intermittente entamée début janvier dans les ports français pour obtenir la validation d’un accord sur la pénibilité a lourdement pénalisé celui du Havre qui a perdu une cinquantaine d’escales de porte-conteneurs au cours des trois premières semaines.

Au total, le second port français après Marseille aura été paralysé par quinze jours de grève en janvier en comptant le nouveau cycle de quatre journées commencé vendredi.

“Le port n’avait pas connu pareille situation depuis la réforme des dockers en 1992”, assure Christian Leroux, le président de l’Union maritime et portuaire (Umep) qui rassemble 600 entreprises.

Le mouvement touche d’abord les conteneurs qui constituent le principal fonds de commerce de ce port et la principale activité de ses dockers et grutiers.

La perte avoisine déjà la cinquantaine d’escales de porte-conteneurs pour les trois premières semaines de janvier, sur environ 120 escomptées, selon la direction du Grand port maritime du Havre (GPMH).

Ces navires sont massivement déroutés vers Anvers et Rotterdam. A ces annulations d’escales s’ajoutent des retards dans le traitement de certains vraquiers et rouliers. Seuls sont épargnés le trafic de pétrole brut qui n’est pas manutentionné par des dockers et les liaisons par car-ferries avec la Grande-Bretagne, en vertu d’un accord tacite local.

Les syndicats CGT des dockers et du GPMH se disent “déterminés” à poursuivre le mouvement jusqu’à ce que le gouvernement revienne à l’accord sur la pénibilité conclu oralement début novembre entre les partenaires sociaux.

Le dispositif prévoyait la possibilité d’un départ jusqu’à quatre ans avant l’âge légal de la retraite pour les salariés les plus exposés.

Les syndicalistes se disent toutefois “satisfaits” de l’invitation à une réunion qui se tiendra mardi lancée par l’Union des ports de France (UPF) qui représente l’Etat à la Fédération nationale des ports et docks (FNPD-CGT) et à l’Union nationale des industries de la manutention (Unim).

“Nous espérons que l’UPF aura un nouveau mandat pour négocier car nous sommes toujours prêts à la négociation pour trouver une issue à la crise dans laquelle nous sommes tous plongés, sociétés et salariés”, dit Johann Fortier, secrétaire général du syndicat des dockers du Havre.

De leur côté, les patrons de la place portuaire se refusent à porter un jugement sur l’accord “acté” oralement. “Il faut qu’un syndicat aussi structuré que la FNPD ait un étonnant sentiment de puissance pour croire à la parole d’un directeur de cabinet, sans le moindre accord écrit”, dit Christian Leroux.

Ce chef d’entreprise avoue un certain fatalisme. “On a affaire à deux dogmes, le dogme élyséen et le dogme syndical”, résume-t-il en disant douter de la capacité du nouveau secrétaire d’Etat aux Transports, Thierry Mariani, à faire changer d’avis l’Elysée qui refuse tout système dérogatoire à la nouvelle loi sur les retraites.

Christian Leroux estime que la situation ne se débloquera que lorsqu’elle deviendra réellement “paroxystique”, quand les opérateurs verront leur situation se dégrader et quand les ouvriers dockers verront leur paye amputée.

Plus pessimiste, Jean-Louis Le Yondre, le président du syndicat des transitaires, craint que cet enchaînement de grèves ne signifie “la mort” du port du Havre usé par trois années de conflits liés à la réforme des ports et à celle des retraites.