Treize jours après la révolution qui a emporté le régime de Ben Ali, l’Union
européenne est venue à la rencontre de la nouvelle Tunisie qui commence à se
construire et à émerger. En effet, l’Europe des vingt-sept a dépêché à Tunis
Hugues Mingarelli, directeur général pour le Moyen-Orient et les pays du
voisinage méridional de l’UE, pour «exprimer au peuple tunisien notre
solidarité, notre admiration et notre appui à l’expression de ses aspirations;
et pour évaluer avec les autorités les besoins du pays dans cette période de
transition politique et économique». Mais l’UE se déclare, surtout, «disponible
pour fournir son assistance dans cette période cruciale, sur la base des choix
du peuple tunisien».
Les entretiens qu’il a eus à Tunis -avec des membres du gouvernement (Néjib
Chebbi, ministre du Développement local, le secrétaire d’Etat aux Affaires
étrangères chargé des relations avec l’Union européenne), des responsables
d’organisations de la société civile (LTDH, Réseau euroméditerranéen des Droits
de l’homme), de l’opposition (Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général du Forum
démocratique pour les libertés et le travail), des trois Commissions mises sur
pied (réformes politiques, corruption et responsabilités dans la répression des
manifestations ayant conduit à la fuite de Ben Ali)-, ont permis à l’émissaire
européen d’évaluer les priorités de la Tunisie dans cette phase actuelle.
Celles-ci sont au nombre de trois.
Selon le représentant de Mme Catherine Ashton, haute représentante de l’Union
pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, la Tunisie aura,
d’abord, besoin d’une assistance dans la préparation des élections
présidentielles et législatives allant de la révision de tous les textes de lois
y afférents jusqu’à l’organisation et la supervision des élections. Une
opération que M. Mingarelli juge «lourde» mais que l’Union européenne est
d’autant plus disposée à entreprise que la partie tunisienne en a fait la
demande.
Le deuxième volet de l’aide européenne sera destinée à la société civile, aux
partis politiques, aux médias et aux syndicats.
Last but not least, les Vingt-sept projettent d’«aider la machine économique à
repartir». Le directeur général pour le Moyen-Orient et les pays du voisinage
méridional de l’UE indique à ce sujet que le ministre du Développement local lui
a dit qu’«il faudra notamment accorder une attention particulière aux régions
intérieures» où la révolte a éclaté, et «aider l’esprit entrepreneurial,
jusque-là bridé, à se développer».
Des experts européens seront dépêchés rapidement en Tunisie pour évaluer de
manière plus précise ses besoins dans les différents domaines.
Et même s’il «ne peut pas encore dire» ce qu’elle va faire, M. Mingarelli assure
que l’Union européenne «a la volonté politique très ferme d’aider les autorités
tunisiennes par tous les moyens dont elle dispose à réaliser la transition
économique et politique».
L’Union européenne entend également «adapter sa stratégie à l’égard de la
Tunisie», c’est-à-dire à «adapter notre coopération et nos instruments» aux
nouvelles conditions créées par la révolution en Tunisie