Cameron et Geithner s’opposent sur les remèdes à la crise

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ésentation au forum de Davos, le 28 janvier 2011 (Photo : Fabrice Coffrini)

[28/01/2011 14:03:51] DAVOS (Suisse) (AFP) Le Premier ministre britannique David Cameron, qui a mis en place un plan drastique d’austérité budgétaire, et le secrétaire américain au Trésor Thimoty Geithner ont proposé vendredi à Davos des remèdes presque opposés pour relancer leur laborieuse croissance.

Devant les décideurs réunis dans la station suisse pour la réunion annuelle du Forum économique mondial, M. Cameron a une nouvelle fois défendu bec et ongles les plans d’austérité européens destinés à venir à bout de déficits publiques abyssaux.

La priorité première de l’Europe doit être de tuer “le spectre des gigantesques dettes souveraines”, a-t-il expliqué.

Les déficits publics et l’endettement des pays européens, nés des plans de relance faramineux engagés contre la plus grave crise depuis 1945, sont “clairement intenables”, a-t-il ajouté, insistant sur le fait qu’on ne peut plus attendre pour agir.

Le Royaume-Uni peut à ce titre faire office d’exemple après la mise en place d’un plan de rigueur drastique, jugé indispensable pour venir à bout du pire déficit public européen et remettre à flot le pays.

Le Premier ministre britannique a promis de maintenir ce plan, malgré les chiffres décevants de la croissance publié mardi.

Il a rappelé que la réduction drastique des dépenses de l’Etat avait permis au pays de conserver sa notation triple AAA, la note la plus élevée, alors que les taux d’intérêt consentis à Londres pour ses emprunts continuaient de baisser.

“Tout ceci a été réalisé non en dépit de notre plan (…) mais grâce à lui”, a-t-il insisté, dans une réponse claire aux suspicions nées au Royaume-Uni du dernier chiffre du Produit intérieur brut au dernier trimestre qui a reculé de 0,5%.

“Nous devons être durs, mais il faut en finir avec ce que nous avons commencé”, a insisté M. Cameron, se disant toutefois “très confiant” pour l’avenir de l’économie britannique au cours de la prochaine décennie.

Alors que M. Cameron a estimé qu’on pouvait gérer un déficit de manière ferme tout en créant de la croissance, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner est intervenu peu après pour défendre une thèse pratiquement inverse.

Il a estimé que réduire les déficits publics en coupant durement dans les dépenses n’était pas “raisonnable” car cela risquait de laminer une croissance à peine naissante.

“Certaines personnes veulent (…) aller très vite pour faire de très fortes coupes dans les dépenses” des gouvernements, a expliqué M. Geithner.

“Mais ce n’est pas une méthode raisonnable” pour agir, a-t-il estimé.

“Il faut être certain de ne pas affecter la reprise”, a insisté le responsable américain, estimant que prendre le risque de “passer trop rapidement à des restrictions substantielles” peut entâcher les efforts de relance.

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, le 28 janvier 2011 (Photo : Johannes Eisele)

“Cela nuirait à l’objectif à long terme d’obtenir une situation budgétaire stable”, a encore souligné M. Geithner plaidant pour “un processus plus graduel”.

Peu auparavant, le secrétaire au Trésor avait expliqué qu’en période de crise, une des erreurs les plus répandues était de mettre un terme trop rapidement aux plans de soutien à l’économie, promettant que les Etats-Unis éviteraient cet écueil.

La chancelière allemande Angela Merkel devrait abonder dans le sens de son homologue européen, avec même une position plus radicale.

Elle est en particulier attendue sur le renforcement du Fonds de soutien européen aux pays en difficulté (FESF), actuellement à l’étude.

Locomotive de l’économie européenne, le pays refuse catégoriquement de parler d’augmentation de ce Fonds dont la capacité de prêt est actuellement limitée à environ 250 milliards d’euros, sur un volume nominal total de 440 milliards d’euros. Mme Merkel a même proposé de reporter toutes les décisions à ce sujet au mois de mars, alors que Bruxelles appelle à agir vite.