Les gosses ont failli revenir à l’école en début de semaine mais en fin de
compte les instits en ont décidé autrement. Dans le contexte actuel de
démocratie naissante, les gens se sont précipités soit pour dire oui à la grève
des enseignants contre le gouvernement, soit pour vilipender la centrale
syndicale et dire qu’elle fait de la politique. Il y a en a même qui ont brandi
la menace de mettre en cause le monopole de la centrale syndicale, mais qui est
un monopole historique, seulement.
Moi mes gosses je le garde au chaud jusqu’à ce que les choses se tassent. Il
faut dire qu’ils sont à la bonne école, toute la journée devant les 3 télés en
action sans arrêts. Je les ai surpris jouant aux manifestants et à la police
hier et scandant les pires slogans contre Ben Ali et les Trabelsi dans le hall
de la maison. Il faut écouter leurs questions branchées sur l’actualité.
Qu’est-ce que le gouvernement d’unité nationale? Qui est le ministre Abdallah X?
Pourquoi ils sont contre Ghannouchi? Qu’est-ce que le couvre-feu? Même l’hymne
national n’est plus tabou et la petite dernière qui clame «homat el homa» en
entrant le matin à la cuisine pour le petit déjeuner…
Ainsi, les longues journées de notre révolution sont-elles devenues en fait de
cours d’éducation civique que nous n’avons pas programmés du tout. D’ailleurs,
si nous plaisantons pour les tout petits, les plus grands de nos enfants sont
aussi en train d’apprendre beaucoup de cette révolution tunisienne que certains
Français continuent à appeler révolution du jasmin bien que nous soyons contre
cette appellation très kitch et qui rappelle sans aucun doute les noms donnés
par la CIA à la révolution orange d’Ukraine que les Américains ont orchestré
dans ce pays… Attention nous ne sommes pas en Ukraine.
La révolution est un cours permanent pour tout les Tunisiens. Un cours de
civisme, un cours d’histoire comme par exemple en se régalant tous les soirs à
écouter des grandes figures de notre histoire parler du passé, du présent et de
l’avenir. Ainsi en est-il d’Ahmed Mistiri, de Mansour Moalla, de Tahar Belhkoja…
La révolution est un cours de tolérance parce que nous sommes en train
d’apprendre à respecter l’autre et à lui laisser le temps et la possibilité de
s’exprimer. Bien sûr çà et là il y a des dérapages mais c’est normal à condition
de bien faire pour les corriger et les éviter…
On voit bien que la révolution est une des meilleures écoles.
Vive l’école de la révolution.