L’inflation allemande ne devrait pas encore pousser la BCE à agir

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à Stuttgart le 29 janvier 2011 (Photo : Thomas Kienzle)

[30/01/2011 10:58:05] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Malgré un taux d’inflation inquiétant en Allemagne, la Banque centrale européenne (BCE), sourcilleuse sur ce thème, ne devrait pas annoncer jeudi de changement dans sa politique actuelle, très accommodante vis-à-vis des banques.

Le conseil des gouverneurs de l’institution monétaire se réunit à Francfort (ouest), son siège, pour décider de son taux directeur et de la suite à donner à son programme de rachat d’obligations publiques, lancé en mai 2010 pour tenter d’enrayer la crise de la dette grecque.

Lors de sa précédente réunion, mi-janvier, son président Jean-Claude Trichet s’était montré inquiet du pic d’inflation (+2,2%) enregistré en décembre dans la zone euro, essentiellement attribué aux hausses des prix de l’énergie et des matières premières.

Il avait signifié que la BCE allait revenir à sa mission première, assurer la stabilité des prix, et laissé planer la menace d’une hausse de ses taux d’intérêt plus rapide qu’escompté par les marchés.

L’accélération de l’inflation en janvier dans la première économie européenne, l’Allemagne (+1,9% selon un chiffre provisoire, contre +1,7% le mois précédent), pourrait conforter la BCE dans ce ton.

Mais de l’avis largement partagé des analystes, une hausse du taux directeur, fixé au niveau historiquement de 1% depuis mai 2009, ne devrait pas intervenir avant de longs mois.

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à Davos, le 27 janvier 2011 (Photo : Fabrice Coffrini)

“D’un point de vue purement économique, la BCE n’a aucune raison de changer sa politique monétaire”, tant que la hausse des prix ne concerne que l’énergie et les matières premières, estime Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Une hausse des taux à ce stade “pourrait étouffer la croissance”, plus particulièrement dans les pays les plus fragiles de la zone dont les banques dépendent encore largement des facilités accordées par la BCE, poursuit-il.

Mais alors que la Réserve fédérale américaine entend maintenir sa politique ultra-accommodante, la BCE ne serait pas mécontente de revenir à une politique plus orthodoxe.

“La BCE s’est toujours montrée réticente à l’aide aux banques et aux gouvernements”, résume Ben May, chef économiste chez Capital Economics. Il en veut pour preuve la chute des achats obligations publiques par la BCE à 146 millions d’euros la semaine dernière, alors que la crise de la dette publique est loin d’être terminée.

Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de l’institution, a encore rappelé jeudi que les mesures exceptionnelles ne devaient pas s’éterniser. Mais la BCE peut aussi modifier ses taux d’intérêt sans toucher à ces mesures, les prêts illimités par exemple, et inversement.

Sur les achats d’obligations, la BCE aimerait voir le Fonds européen créé au printemps pour aider les pays de la zone euro prendre le relais. Depuis plusieurs semaines, M. Trichet et d’autres réclament une dotation plus importante de ce FESF, et un élargissement de ses attributions au rachat d’obligations.

Vendredi, au Forum économique mondial à Davos, la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a confirmé qu’ils avaient été entendus sur le second point.

“Nous sommes en train d’en discuter en ce moment, mais je ne pense pas qu’il y ait déjà un consensus général car c’est un travail en cours”, a-t-elle déclaré.

Sur le volume du fonds, actuellement de 440 milliards d’euros mais qui se traduit par une capacité effective de prêt d’environ 250 milliards d’euros, aucune décision n’est attendue avant mars, à l’occasion d’un sommet européen.

En attendant ces décisions et leur application, la BCE “pourrait rester le prêteur de dernier ressort pour un certain temps encore”, pronostique Ben May.