La Tunisie a cultivé un crédit auprès des marchés financiers sur la base de son dynamisme et de sa résilience (résistance) aux chocs économiques externes. La Révolution a montré qu’elle est capable d’une résilience institutionnelle. La preuve: l’Etat est toujours debout. Le pays n’est pas en crise de solvabilité et il a annoncé qu’il va honorer ses engagements dans les délais. La dégradation de notre note souveraine par Moody’s est incompréhensible.
Tout a un prix dans la vie. La Tunisie s’est émancipée au prix d’une révolution. Le pays s’est mis en «congé économique» de circonstance. On le sait. Mais toutes les forces vives du pays jurent de se rattraper. Et, récompense suprême, on sait désormais que les énergies vont se libérer. Le saut de palier de notre taux de croissance, plausible et réalisable, compenserait notre petite éclipse économique. Pourquoi, alors, l’agence de notation Moddy’s s’est-elle précipitée pour appuyer sur la gâchette en nous déclassant de Baa2 à Baa3, quelques jours à peins après le 14 janvier, sans attendre que le nouveau gouvernement entre en action?
Les «casseroles» des agences de notation
Il faut rappeler que les agences de notation ne tiennent pas une science exacte. Et qu’en matière de moralité, elles ne sont pas sorties indemnes de la crise des «subprimes» ainsi que de la crise financière grecque. Rappelons que lors de la crise des subprimes, les agences de notation ont commis une faute professionnelle, grave. Elles n’ont pas tenu compte de l’effet de corrélation de la propagation des risques de défaut. C’est pourtant une chose établie par le théorème de «Modigliani-Miller», un «Classique» que connaissent tous les étudiants en maîtrise d’économie.
Par ailleurs, à l’occasion de la crise financière grecque, nous découvrons que les «officines» de notation n’ont pas vu que la Grèce avait maquillé ses comptes nationaux en avançant un déficit public de 6,5% du PIB alors qu’il était à 11%.
Et puis voilà que Moody’s nous déclasse sans prendre en considération les termes de la reprise économique dans notre pays.
D’ailleurs, Moody’s a oublié un élément essentiel dans cette Révolution tunisienne, c’est que les ouvriers, dans leur majorité, ont protégé leurs usines. Par conséquent, la Révolution a su éluder le clivage traditionnel “travailleurs-patrons“. De ce fait, les milieux de travail préservent leur sérénité.
La «myopie» de Moody’s
Nous considérons que la dégradation de notre note souveraine est irrationnelle. Notre espace économique a reçu des gestes significatifs de soutien de la part des opérateurs européens qui ont pris l’engagement d’augmenter les flux d’IDE. Ajouter à cela que les opérateurs en place n’ont pas manifesté l’envie de se retirer. A présent que les mœurs économiques du pays ont été purgées des pratiques déloyales, le pays s’attend à un bon redémarrage. La preuve est que le Forum de Davos, qui suit de près nos progrès de gouvernance, nous consacre toute la journée du samedi 29 janvier en validation de la marche de la révolution qui a fait jusque-là un parcours sans faute.
Le gotha mondial des affaires nous crédite d’un potentiel prometteur et les «officines» de notation se précipitent pour nous pénaliser, a priori, de manière arbitraire. Il est vrai que les agences de notation privilégient le business pas le développement.
Ah! autre point de détail, l’agence Moody’s avait été déclassée elle-même par sa consœur Standard &Poor’s. A méditer!