Avec 70 mille employés, les secteur des Industries mécaniques et électriques
constitue un secteur stratégique pour l’industrie tunisienne, et ce d’autant
plus que 85% de cet effectif travaillent pour l’exportation. Cependant, la
crainte commence à s’installer chez les professionnels des
IME, car la révolte
populaire et les émeutes qui suivi la chute du régime de Ben Ali ont engendré
une certaine insécurité dans les entreprises du secteur, avec quelques retombées
économiques négatives.
Hichem Elloumi, président de la Fédération nationale de l’électricité et de
l’électronique (FEDELEC) et directeur général de
COFICAB, affirme que les
industriels ont eu des difficultés de logistique durant la dernière période,
aujourd’hui dépassées, heureusement, grâce à la mobilisation de la douane, du
ministère de l’Industrie et des autorités portuaires. «Ce que nous vivons
actuellement est une période d’incertitude et d’inquiétude par rapport à
l’avenir. Des mouvements sociaux ont été organisés dans plusieurs entreprises.
Il s’agit de grèves et de menaces de grèves. Les revendications sociales des
employés sont légitimes. En tant que
FEDELEC, nous appelons les différentes
parties au dialogue et au calme et aussi à trouver des solutions convenables à
même de satisfaire tout le monde», ajoute-t-il.
Risque de perte d’emploi…
Vu que les entreprises du secteur sont majoritairement exportatrices, les
retards des livraisons peuvent affecter considérablement leur réputation,
surtout dans la branche automobile dans laquelle 50% des entreprises du secteur
électrique opèrent. Le risque est énorme: la perte des clients, le déplacement
de l’activité vers d’autres pays et au final des pertes d’emploi. «Nous sommes
face à deux contraintes majeures. La première c’est le maintien des postes
d’emploi. Sachez que le schéma de croissance du secteur prévoit la création de
10 mille emplois chaque année pour la période 2011-2012. La deuxième contrainte
c’est le risque de perdre les investissements étrangers dans le secteur.
Plusieurs équipementiers européens ont déjà créé leurs cellules de crise et
cherchent des alternatives dans d’autres pays tels que ceux de l’Europe de
l’Est, et qui sont très compétitifs sur ce plan», explique M. Elloumi.
De son côté, Hédi Sellami, directeur général de Tunisie Câbles, indique que le
plus important actuellement c’est de redonner confiance aux clients étrangers,
en envoyant des messages positifs par un retour au calme, une reprise du travail
et un rattrapage des retards de livraison. «Le secteur des Industries mécaniques
et électriques a des perspectives extraordinaires si le calme se rétablit en
Tunisie. Il faudrait que nous montrions plus de maturité et d’organisation. Plus
nous rassurons nos clients, plus nous aurons des retombées positives. Dans le
cas contraire, je pense que l’effet sera très négatif à l’export», a-t-il verti.
Des pertes de 50 MDT dans l’électroménager…
Concernant les dégâts matériels, le secteur électroménager aurait été le plus
touché sur le plan commercial et industriel. Plusieurs magasins et usines ont
été saccagés, pillés et même brulés. Selon une enquête de la FEDELEC, les pertes
s’élèvent à 50 MDT, sachant que le secteur emploie 50 mille personnes. La
problématique se pose au niveau de la reconstruction et de la préservation des
emplois. La Fédération est en train de négocier avec les autorités pour aider
les commerçants et les industriels. Le fait est que la majorité ne possède pas
d’assurances anti-émeutes. Et même dans ce cas, souligne M. Elloumi, les
sociétés d’assurance ne pourront pas rembourser convenablement. «Nous allons
présenter un dossier auprès du ministère du Commerce. Il est impératif
actuellement de créer un fonds spécial pour soutenir les professionnels du
secteur électroménager, leur permettant de reprendre leur activité normalement»,
lance M. Elloumi.
Ne perdons pas de vue que le secteur des Industries mécaniques et électriques
est le premier secteur exportateur en Tunisie. Lors de la crise économique et
financière, sa performance a été légèrement affectée, et il a enregistré, en
2010, une reprise qualifiée de spectaculaire par les professionnels du secteur,
maintenant sa position de leader au niveau des exportations. Pour l’année 2011,
les prévisions tablent sur une croissance de 25%. Un objectif qui ne pourra pas
se réaliser sans un retour au calme et un rétablissement de la stabilité
politique et social.