Le gouvernement espagnol veut aider “le moins possible” de caisses d’épargne

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é Manuel Campa, le 5 février 2010 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[01/02/2011 07:35:24] MADRID (AFP) Aider “toutes celles qu’il faudra, mais en réalité, le moins possible”: tel est le message du gouvernement espagnol aux caisses d’épargne, qui devront pour se refinancer trouver d’abord des capitaux privés, a expliqué à l’AFP le secrétaire d’Etat à l’Economie José Manuel Campa.

“La recapitalisation du système financier, dans la mesure du possible, doit se faire à travers des sources privées”, a insisté M. Campa dans un entretien réalisé à Madrid.

José Manuel Campa se rend mardi à Paris et mercredi à Londres pour y faire une “présentation aux investisseurs et analystes” sur “la stratégie (d’émission) de la dette (espagnole) pour l’année 2011”.

“Nous en profiterons aussi pour expliquer la conjoncture économique et les principales décisions de politique économique que nous avons prises”, a-t-il indiqué.

Alors que les marchés continuent de douter de la solidité financière de l’Espagne, le gouvernement socialiste mise pour rassurer sur son nouveau plan de recapitalisation des caisses d’épargne, talon d’Achille du secteur bancaire espagnol.

Le gouvernement a donné jusqu’à septembre aux 17 caisses d’épargne pour se refinancer, évaluant leurs besoins à 20 milliards d’euros, un montant jugé trop faible par les analystes qui les chiffrent jusqu’à 100 milliards.

“Les données préliminaires (sur les bilans des caisses d’épargne, ndlr) tendent vers ce chiffre” de 20 milliards, a expliqué M. Campa, n’excluant pas des “besoins additionnels de capital” et jugeant le “délai raisonnable” pour leur laisser le temps de trouver ces capitaux.

Si d’ici septembre certaines caisses n’ont toujours pas d’investisseurs privés, alors “le Frob (fonds d’aide public au secteur, ndlr) entrerait comme actionnaire minoritaire” à leur capital, avec comme condition préalable que ces caisses se soient transformées en banques classiques.

Perçue comme une nationalisation partielle, il s’agit en fait, selon M. Campa, d'”une participation de caractère temporaire (5 ans étant la durée maximum, ndlr), sans jamais l’intention d’être permanente, et liée à un plan de viabilité de l’entité et de restructuration qui garantisse la facilité avec laquelle le Frob pourrait se désengager”.

“L’objectif final est que ces entités soient clairement des entités bien capitalisées, solvables, rentables et avec le fonctionnement normal des marchés de capitaux privés”, a-t-il déclaré.

Le statut des caisses d’épargne, hérité des monts de piété du XVIIIème siècle, reste en effet mal connu des investisseurs étrangers.

Mais “avec la transparence et la solvabilité (générées par ce plan, ndlr), la crédibilité du système financier (espagnol) est garantie”, a estimé le secrétaire d’Etat.

Après une année 2010 “de transition”, “2011 sera l’année du début de la reprise”, a-t-il prédit de manière plus générale, confirmant les objectifs du gouvernement en termes de croissance (1,3%) et de déficit (6% du PIB), ce dernier critère étant “un objectif absolu et inconditionnel, qui ne dépend pas de l’évolution du cycle économique”, a-t-il assuré.

Alors que “le chômage a été une très mauvaise statistique” pour l’Espagne, avec un taux de 20,33% fin 2010, un record dans les pays de l’OCDE, 2011 permettra “une légère création d’emplois” grâce au retour de la croissance, stimulée selon M. Campa par les exportations et la consommation.

Le gouvernement s’était montré trop optimiste pour 2010 (il prévoyait 19,6%) et dit avoir été “surpris” par la hausse de la population active totale au second semestre, ce qui a relevé mécaniquement selon lui le taux de chômage. Il continue néanmoins de viser 19,3% en 2011.