L’air de liberté qui souffle sur la Tunisie, depuis déjà quelques semaines, laisse entrevoir une dynamique démocratique dans l’espace privé et celui public. Une dynamique que comptent saisir les bureaux d’études pour lancer des enquêtes d’opinion qui détermineront -même relativement- la tendance générale dans le pays.
C’est ainsi que Sigma Conseil vient de lancer une enquête d’opinion, qui se propose de donner un avant-goût à l’ambiance générale après l’annonce du nouveau gouvernement. L’enquête porte sur un échantillon de 1.250 personnes. Afin d’être représentatif, cet échantillon touchera les 24 gouvernorats, les différents âges (à partir de 18 ans, âge de vote), les deux sexes et les différentes catégories socioprofessionnelles (niveau scolaire, travail, rémunération, etc.). Il s’agit d’une enquête quantitative qui s’appuiera sur des réponses positives ou négatives (oui, non ou sans opinion). La méthode utilisée pour la collecte d’informations est le CATI (Computer Assistant by Telephone Interview).
Ce genre d’enquêtes qui était rarement réalisé, vu que le système politique ne tolérait aucune critique ni reproche, trouve un terrain favorable actuellement. «On se concentrait surtout sur les études d’image, de notoriété et de positionnement. Les enquêtes d’opinion, surtout politiques, étaient rares, vu que l’ancien système ne le permettait pas. Et même pour les autres enquêtes, il y avait parfois un contrôle des enquêteurs de peur que les questionnaires distribués aux gens comportent des questions qui dérangent le pouvoir», indique Youssef Meddeb, le responsable médias du bureau d’études.
Pour cette enquête, la base de données de SIGMA Conseil a été exploitée pour contacter les personnes, selon une grille quantitative pour chaque gouvernorat, prenant en compte le nombre d’habitants. Les questions posées sont en relation avec le gouvernement de transition, les partis politiques et les personnalités politiques d’opposition, Mohamed Ghannouchi, les jeunes et l’emploi, les médias nationaux, la liberté d’expression, les retombées économiques de la révolution, etc. On a choisi de poser les questions en dialecte tunisien afin de toucher toutes les catégories et de donner de l’aisance aux interviewés dans leurs réponses.
Dans le call center rattaché au bureau d’études, les enquêteurs s’empressent de boucler l’enquête en un minimum de temps. «Tous les jours, il y a un nouvel événement sur la scène politique et social qui pourra avoir une incidence sur la perception des gens. Nous voulons, donc, donner le maximum de temps pour cette enquête auprès de notre équipe afin de ne pas être dépassé par les événements», précise notre interlocuteur. Cette enquête, dont les résultats devraient être annoncés cette semaine, donnera une idée sur l’avis d’une partie du peuple tunisien sur l’après-Ben Ali et sur l’avenir de la Tunisie. Elle sera probablement suivie par d’autres enquêtes, prenant en compte l’évolution de la scène politique dans le pays.