Strauss-Kahn gardien de la liberté des mouvements de capitaux au sein du G20

photo_1296720212284-1-1.jpg
énéral du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn à Singapour le 1er février 2011 (Photo : John Heng)

[03/02/2011 08:09:14] WASHINGTON (AFP) La récente mise en garde du directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn contre la tentation du “protectionnisme financier” sonne comme un avertissement au G20, qui discute des éventuelles limites à imposer à la libre circulation des capitaux.

Faut-il brider les flux de millions de dollars un jour investis à Wall Street, le lendemain au Brésil, quelques semaines ensuite à Hong Kong? Des pays du G20 le font déjà, de diverses manières, comme la Chine, le Brésil, l’Indonésie. D’autres l’envisagent.

Dans un discours mardi à Singapour, M. Strauss-Kahn a tenté de les dissuader. Il se refuse à voir les Etats membres du FMI prendre des mesures destinées à garder les capitaux à l’intérieur des frontières ou à défavoriser les institutions financières étrangères.

“Avec l’aggravation des tensions entre les pays, nous pourrions assister à la montée du protectionnisme, à la fois sur le versant traditionnel du commerce international, mais aussi sur le versant, plus moderne, de la finance”, a-t-il expliqué, sans citer de pays en particulier.

Le FMI, a-t-il dit, est prêt à jouer un rôle de “surveillance”, mais ne croit aux bienfaits des contrôles de capitaux que comme mesure “provisoire”.

photo_1296720257233-1-1.jpg
énéral du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn à Singapour le 1er février 2011 (Photo : John Heng)

M. Strauss-Kahn endosse là la doctrine classique d’un dirigeant du FMI, gardien de la liberté de mouvement. Depuis l’éclatement du système des parités fixes au début des années 1970, l’institution assure que les diverses barrières posées dans les années 1930 aux flux d’argent, spéculatif ou non, ne doivent pas réapparaître.

Et pour le secteur financier, il n’est pas question que cela change.

“Les gouvernements nationaux définissent largement les règles qui s’imposent aux entrées et sorties de capitaux, mais les organisations et institutions multilatérales, telles que le G20 et le FMI, devront aussi jouer un rôle important pour faire en sorte que les pays ne s’engagent pas dans un ‘protectionnisme financier'”, écrivait en décembre le McKinsey Global Institute, l’organisation de recherche d’une société renommée de consultants économiques, dans un rapport sur l’avenir des marchés financiers.

Donner ce rôle au FMI, c’est la direction envisagée par la présidence du groupe des pays riches et émergents du G20. En janvier, la ministre française de l’Economie Christine Lagarde avait estimé qu’il faudrait un “organisme approprié” pour trier entre mesures légitimes et protectionnistes.

“La France n’est pas […] favorable au contrôle des capitaux”, mais souhaite “élaborer un code de conduite” qui permettrait de “mieux réguler les flux de capitaux internationaux”, précisait le président Nicolas Sarkozy le 24 janvier. Il n’a pas détaillé ce qu’il voudrait mettre dans ce code de conduite.

Pour Daniel Bradlow, professeur de droit international à l’American University de Washington, l’idée française est bonne. “Je pense que le G20 devrait officiellement reconnaître que le contrôle des capitaux doit être, dans certaines circonstances, parmi les possibilités offertes à un pays qui voit arriver des flux déstabilisants”, déclare-t-il à l’AFP.

“Le FMI est trop rigide sur la question. […] Il a une ligne claire contre les contrôles de capitaux, et M. Strauss-Kahn représente bien son institution”, considère-t-il.

M. Bradlow soutient les plus de 250 économistes qui ont écrit lundi au gouvernement américain pour demander aux Etats-Unis de cesser de bannir explicitement les contrôles de capitaux dans leurs traités commerciaux et d’investissement.