Anne Lauvergeon lance la campagne pour sa reconduction à la tête d’Areva

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écembre 2010 au Tricastin, à Pierrelatte, dans le sud de la France (Photo : Philippe Desmazes)

[03/02/2011 15:42:39] PARIS (AFP) Seule femme à la tête d’une multinationale française, Anne Lauvergeon a lancé l’offensive médiatique pour décrocher un troisième mandat de présidente du groupe nucléaire Areva, espérant contrer les rumeurs qui prêtent à l’Elysée l’intention de ne pas la reconduire.

Tribunes, interviews radio et presse écrite: la présidente d’Areva multiplie depuis quelques semaines les interventions médiatiques. Avec à chaque fois le même message: “j’ai envie de continuer”.

“J’ai l’impression de servir la France dans ce que je fais”, a-t-elle encore déclaré au micro de RTL jeudi matin.

Une offensive qui intervient presque six mois avant la fin de son mandat de présidente du directoire du groupe nucléaire public et alors que la presse la dit partante depuis des mois, tant ses relations semblent difficiles avec l’actuel locataire de l’Elysée.

Selon Le Canard Enchaîné, Nicolas Sarkozy a exclu de reconduire Mme Lauvergeon pour un troisième mandat. “Elle n’en fera pas un de plus”, aurait-il déclaré.

Mais l’ancienne sherpa de François Mitterrand ne se résigne pas à ces mauvais augures. Dans une tribune au Monde, elle choisit un thème cher au président de la République, la “réindustrialisation” de la France, pour lancer sa campagne d’autopromotion.

“Le temps de l?industrie, particulièrement celui du nucléaire, est celui du temps long”, plaide celle qui préside depuis 11 ans un groupe dont elle a fait un des leaders mondiaux du nucléaire.

Les dirigeants d’Areva “ne peuvent pas être choisis sous le manteau”, lance encore “Atomic Anne”, comme pour conjurer les rumeurs récurrentes dont elle fait l’objet depuis qu’elle a décliné en 2007 une proposition d’entrer au gouvernement.

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ésidents Sarkozy et Hu, le 4 novembre 2010 à Paris (Photo : Thibault Camus)

Des rumeurs qui ont été encore amplifiées par la nomination du bouillonnant Henri Proglio à la tête d’EDF en novembre 2009, et par les dissensions publiques qui s’en sont suivies entre les deux patrons de la filière nucléaire française.

En mars 2010, certains médias ne lui donnaient ainsi pas plus d’une semaine à son poste. “Je suis désolée d’être là”, avait alors réagi Anne Lauvergeon sur le ton de la plaisanterie.

Un comité de nomination, issu du conseil de surveillance d’Areva a été chargé de proposer trois noms de successeurs potentiels et devrait remettre sa liste à la mi-février.

D’ores et déjà, les candidats se bousculent au portillon: l’ex-secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac, le directeur stratégie d’EADS Marwann Lahoud, le commissaire à la Diversité Yazid Sabeg ou le patron du groupe de chimie Rhodia Jean-Pierre Clamadieu.

Ce bal de prétendants “me paraît une sorte d’hommage rendu au travail fait” depuis 11 ans, ironise Anne Lauvergeon.

Car son entourage veut encore croire à un scénario à la François Fillon, donné partant de Matignon six mois avant d’être reconduit à son poste de Premier ministre.

Agrégée de physique et ingénieur des Mines, Anne Lauvergeon plaide la continuité et la compétence. Et sait que, malgré les déboires de l’EPR et l’échec d’un appel d’offres géant à Abou Dhabi, elle peut compter sur l’appui de députés de gauche comme de droite.

“C’est une très bonne présidente dans une conjoncture difficile”, déclare ainsi à l’AFP Ladislas Poniatowski, président (UMP) du groupe énergie au Sénat, en se disant “ravi qu’elle soit candidate” à sa succession.

En juin 2010, le magazine Forbes la classait 24e femme la plus puissante du monde, et 1ère Française devant Carla Bruni-Sarkozy (35e).