é par une grève, le 21 janvier 2011 (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
[03/02/2011 17:56:51] MARSEILLE (AFP) La Cour des comptes a dénoncé jeudi, dans un rapport provisoire qui a filtré dans la presse, le déclin du port de Marseille miné par des conflits sociaux et une gestion des ressources humaines défaillante, un constat au coeur des inquiétudes des acteurs économiques.
La Cour des comptes, qui publiera son rapport définitif le 8 février, relève qu'”excepté dans les croisières”, le grand port maritime de Marseille (GPMM) “ne cesse de perdre des parts de marché”. “Le bilan de GPMM est très médiocre: le port a échoué à s’inscrire, contrairement à ses concurrents dans l’exceptionnel dynamisme du marché des conteneurs”, souligne-t-elle.
Un constat partagé par des acteurs économiques locaux, réunis jeudi pour tirer la sonnette d’alarme face à la “catastrophe économique” que représentent les nouvelles perturbations de l’activité du port depuis trois semaines, après un blocage d’une durée historique à l’automne 2010.
Lundi, le GPMM avait chiffré le coût des grèves de l’automne à 4 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires total de 175 M.
Appelant à la “reprise immédiate” de l’activité, les acteurs économiques marseillais fondent notamment leurs inquiétudes sur l’effondrement des parts de marché du GPMM en Méditerranée (28% en 1980 contre 16% en 2010), le recul de Marseille de la 4e à la 5e place des ports européens et son absence dans le top 20 des ports européens sur le trafic passagers.
Pour la Cour des comptes, “un des facteurs essentiels, sinon le principal, de ce déclin tient à la fiabilité insuffisante du port, due à un climat social dégradé”. A cela s’ajoute, selon elle, “une gestion des ressources humaines largement défaillante” et le fait que “les pouvoirs publics n’ont pas toujours fait preuve du volontarisme nécessaire” alors que le GPMM “ne manque pas d’avantages comparatifs face à ses principaux concurrents européens”.
Pour Roland Blum, député UMP et premier adjoint au maire, la responsabilité revient à la CGT qu’il a qualifié de “vrai cancer”.
“Depuis 40 ans on a laissé les choses aller, il faut que l’Etat se ressaisisse et fasse appliquer la loi”, a-t-il dit lors de la conférence de presse des entreprises et institutions économiques.
Celles-ci ont formulé des exigences, transmises au président de la République: la reprise de l’activité du port, un “dispositif d’urgence d’accompagnement des entreprises en difficulté”, un service minimum en cas de grève, l’application de la réforme des ports au 3 avril et l’organisation d’états généraux du GPMM au 1er semestre.
La Cour des comptes recommande une meilleure gestion des ressources humaines et invite à ce qu’un “état de droit normal” s’applique “pour que les réformes voulues par le législateur soient effectivement mises en oeuvre”.
Réagissant à la diffusion médiatique du rapport, la fédération nationale des Ports et Docks CGT y a vu “une manoeuvre gouvernementale” pour “tenter de discréditer le mouvement social des travailleurs portuaire sur la pénibilité”.
“Ce rapport fustige de façon honteuse le port de Marseille, qui connaît depuis des dizaines d’années un problème certain, le manque d’investissement de l’Etat”, écrit-elle.
La sénatrice PCF des Bouches-du-Rhône Isabelle Pasquet a regretté que “l’inefficacité du dialogue social” au GPMM pointée par la juridiction financière ne soit imputée qu’à la CGT, jugeant que cela “ressort davantage du discours politique que du contrôle des comptes de l’entreprise”.
Pour le président du conseil de surveillance du GPMM, Patrick Daher, “l’urgence est de faire aboutir la réforme portuaire en avril afin d’instaurer la fiabilité du service au port de Marseille-Fos”, avait-il dit lundi, appelant à “bâtir un pacte social”.