L’avenue Habib Bourguiba constitue, depuis le 14 janvier 2011, le terrain privilégié des manifestations. Cette avenue considérée comme l’épine dorsale de la capitale est aussi un centre névralgique de commerces de tout genre. Des cafés, des restaurants, des boutiques de vêtements, des taxiphones mais aussi des hôtels, des salles de cinéma et autres banques y ont pris place depuis plusieurs années déjà. Et c’est là aussi où se trouve le ministère de l’Intérieur au devant lequel des milliers de manifestants se sont rassemblés, le 14 janvier dernier, pour demander à Ben Ali de «dégager» de la tête du pouvoir. Parcourant l’avenue, des slogans révolutionnaires couvrent quelques murs, comme une trace vivante sur une révolte qui a changé la face de la Tunisie.
Depuis les derniers événements, l’activité commerciale s’est détériorée. Les commerces ont fermé pendant plusieurs jours. Une situation que les petits commerces essentiellement peinent à supporter. Ce n’est qu’au début de cette semaine que le climat de peur a commencé à se dissiper, bien que le cours normal de la vie ne soit pas revenu. «Les gens ont encore peur de sortir. D’autant plus que l’ambiance n’est pas encore calme au centre ville», commente un commerçant.
Avec le début de la période des soldes, l’activité a repris progressivement, non sans crainte. Une boutique d’une grande marque a même placé des gardiens devant ses portes pour contrôler les personnes qui entrent. «On sent la frustration des commerçants. Ils sont encore prudents. J’étais samedi dernier au centre ville et j’ai constaté l’anarchie qui y sévit… On a pris l’habitude de voir tous ces gens qui protestent et manifestent tout au long de l’avenue bien que certaines protestations tournent à la violence parfois. On est donc obligé de fermer pour sauver nos biens», s’inquiète un commerçant qui ne cache pas son inquiétude quant à la baisse de son activité et de ses recettes. «J’espère que les soldes inciteront plus les gens à sortir et acheter. Il est vrai qu’avec le retour au calme, les choses commencent à s’améliorer mais le retour à normale prendra vraisemblablement un peu plus de temps», ajoute-t-il.
Dans les souks de la médina de Tunis, la tendance est la même. Certains estiment que les soldes auront l’avantage de dynamiser l’activité et de donner un surplus. «Les gens commencent à vaincre la peur et on sent l’activité reprendre progressivement», assure un commerçant. Pour autant, dans le souk de l’artisanat, l’ambiance est plutôt morose. D’habitude fréquenté par les touristes, ceux-ci l’ont déserté ces derniers jours. L’interruption de l’activité touristique a impacté ces petits commerçants dont les revenus ont dangereusement baissé. «Nous vivons actuellement des moments difficiles. Espérons que le retour au calme –le vrai– se fera plus vite et que l’activité touristique reprendra le plus rapidement possible», lance un artisan. A suivre…