Berlin et Paris poussent pour un gouvernement économique européen

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ère allemande Angela Merkel à Madrid le 3 février 2011 (Photo : Dominique Faget)

[04/02/2011 07:29:40] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens vont tenter d’avancer vendredi dans la réforme la zone euro en crise, l’Allemagne et la France proposant plus de coordination dans le cadre d’un véritable gouvernement économique, en échange d’un renforcement du Fonds de secours financier.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se réunissent en sommet à partir de 10H00 (09H00 GMT).

Ils doivent parler de la priorité du moment, la situation en Egypte et Tunisie, d’énergie et d’innovation, mais aussi faire le point de leurs réflexions sur la refonte du Fonds de secours, créé en mai pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté.

Sur ce sujet, “nous allons (…) mettre en place une trajectoire claire en vue de (parvenir à) un ensemble complet de mesures d’ici au Conseil européen (sommet) de (fin) mars”, a souligné mercredi le président de l’UE Herman Van Rompuy, dans sa lettre d’invitation aux dirigeants de l’UE.

Les Européens mènent actuellement des discussions tous azimuts.

Il s’agit tout d’abord d’augmenter la capacité de prêt du dispositif à 440 milliards d’euros effectifs. Une idée sur laquelle un consensus s’est dessiné ces dernières semaines. Car le Fonds est doté actuellement de 440 milliards de garanties des Etats en théorie, mais il ne peut lever effectivement qu’environ 250 milliards.

Les discussions portent aussi sur un élargissement de la palette d’outils du dispositif.

Il est question notamment de l’autoriser à racheter de la dette publique des pays en difficulté sur les marchés. Ou de lui permettre de prêter de l’argent à de tels pays comme la Grèce pour que ceux-ci puissent eux-mêmes racheter leur propre dette sur le marché.

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ée le 3 février 2011 (Photo : Lionel Bonaventure)

Certains responsables européens défendraient même l’idée d’inclure un plan de sauvetage du Portugal, voire des lignes de crédit pour l’Espagne, selon des informations de presse.

Les discussions comportent par ailleurs un troisième volet.

L’Allemagne et la France veulent s’assurer qu’en contrepartie d’une amélioration du Fonds, les pays de la zone euro s’engagent à plus de discipline budgétaire, de coordination de leurs politiques économiques et sociales et d’efforts en matière de compétitivité.

Berlin et Paris entendent ainsi donner corps à l’idée, chère à la France, d’un véritable gouvernement économique européen, l’Allemagne se ralliant au concept général mais imposant nombre de ses priorités pour le contenu. “Il y a beaucoup de Merkel et un peu de Sarkozy dans ce gouvernement”, persifle un fonctionnaire européen.

“Nous sommes globalement d’accord. C’est la raison pour laquelle je m’attends à ce que la chancelière allemande et le président français présentent ensemble ces idées lors du déjeuner”, a indiqué mercredi une source gouvernementale allemande.

Berlin plaide en faveur d’un “pacte de compétitivité”, qui permettrait de réduire les écarts entre pays. Il s’agirait notamment d’harmoniser les systèmes de retraite, les marchés du travail, les investissements voire les assiettes fiscales.

L’Allemagne souhaiterait également que tous les pays de la zone euro instaurent des plafonds d’endettement inscrits dans la loi ou la constitution, comme elle l’a fait.

Mais le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ne voit pas d’un bon oeil les propositions franco-allemandes, qui donneraient aux capitales tous les leviers en main, aboutissant à marginaliser Bruxelles.

“Etablir un système renforçant la gouvernance économique de l’UE, et en particulier de la zone euro, en dehors du cadre de l’Union, soulève des questions importantes et politiquement très sensibles”, a-t-il mis en garde.