Mireille Faugère : l’ex “Madame TGV” à la barre du “paquebot” de l’AP-HP

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ère pose dans son bureau, le 21 janvier 2011 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[04/02/2011 07:49:10] PARIS (AFP) Quatre mois après avoir pris la barre de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), souvent comparée à un paquebot ingouvernable, Mireille Faugère, l’ex “Madame TGV”, va mettre, non sans dangers, le cap sur les restructurations voulues par le gouvernement.

“Je ne souhaite aucune brutalité mais je serai extrêmement déterminée dans la mise en oeuvre”, assurait récemment cette Corrézienne de 54 ans plutôt frêle, à la voix douce dégageant une autorité naturelle.

Pour cette fille de cheminot, diplômée d’HEC (option service public), qui a effectué l’essentiel de sa carrière à la SNCF, la voie tracée par le gouvernement est claire: revenir à l’équilibre budgétaire en 2012 et restructurer l’offre de soins.

La tâche n’est déjà pas aisée pour les autres centres hospitaliers universitaires (CHU) français, auxquels s’applique également cet impératif.

Mais pour le plus gros CHU d’Europe, avec ses 37 hôpitaux, employant au total quelque 90.000 personnes (48.000 personnels soignants, 20.000 médecins), la mission est encore plus ardue.

Certains se demandent encore pourquoi le Conseil des ministres du 22 septembre dernier a nommé au poste de directeur général de l’AP-HP cette manager totalement extérieure au monde de la santé.

Alors que Benoît Leclercq, son prédécesseur était directeur d’hôpital et que les autres auparavant venaient des grands corps d’Etat, le conseiller social de l’Elysée Raymond Soubie avait privilégié un nouveau profil et recherchait quelqu’un “ayant à la fois une expérience de management et de transformation dans une grosse entreprise et une pratique des syndicats”, croit savoir Mme Faugère.

Anne-Marie Idrac, ancienne présidente de la SNCF et Rose-Marie Van Lerberghe, première femme à avoir occupé ce poste de 2002 à 2006, ont parlé en sa faveur.

Mireille Faugère, qui venait d’être écartée en douceur par le nouveau patron de la SNCF Guillaume Pépy, après trente ans de bons et loyaux services, dont le lancement de plusieurs lignes de TGV et du site SNCF-voyages.com, s’est alors décidée à relever le défi du “paquebot” hospitalier parisien.

“Le fait de ne pas connaître le secteur et de le découvrir me donne une grande liberté et ne me fait pas perdre de temps, au contraire”, affirme-t-elle.

Mme Van Lerberghe estime qu’elle possède “ce mélange à la fois d’écoute et d’esprit de décision”, une qualité très adaptée à cet “univers très affectif” de la santé. Et d’ajouter, parlant d’expérience: “C’est une règle générale, quand ça va très mal on va chercher des femmes”.

Après avoir contribué à mettre le client au premier plan des préoccupations de la SNCF, Mme Faugère entend faire de même avec le patient.

Alors que l’AP-HP est la référence pour la médecine de pointe et détient, de facto, le quasi-monopole des urgences sur Paris, elle laisse au secteur privé une large part des soins intermédiaires.

D’où le slogan de la nouvelle dirigeante, “faire préférer l’AP-HP”, comme elle avait cherché auparavant à “faire préférer le train” aux voyageurs.

Mais le monde médical, syndical et politique regardent de travers cette approche marketing et attend Mme Faugère au tournant des restructurations qui vont nécessairement être synonymes de suppressions d’emplois, vu le déficit à éponger.

Sa récente décision -pourtant expérimentale – de faire payer aux patients les chambres individuelles, à hauteur de 45 euros, a déjà provoqué une levée de boucliers chez les médecins et parmi les associations.

Quand viendra le temps des choix budgétaires, l’été prochain, le “paquebot” risque de tanguer à nouveau, comme en 2010. La difficulté de la tâche ne lui enlève pas sa lucidité: “J’ai un super CDD”, confie-t-elle.