Capitaliser le ferme engagement des Tunisiens pour une vie démocratique et assurer un soutien aux nouveaux engagements nés de la Tunisie d’après le 14 janvier constituent le cadre de la visite d’Ahmed Ounaies à Paris. Une visite entamée quelques jours après une première à Bruxelles.
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, qui entame une visite à Paris, rencontrera, aujourd’hui, vendredi 4 février 2011, Mme Michèle Alliot-Marie, ministre français des Affaires étrangères, au Quai d’Orsay, siège, donc, du département qu’elle dirige. L’information a été annoncée par le ministre français, mercredi 2 février, sur le plateau de la deuxième chaîne de télévision française France2, alors qu’elle répondait aux questions relatives à son voyage en Tunisie avec sa famille –puis avoir voyagé dans le jet privé d’un homme d’affaires tunisien entre Noël et le Jour de l’An. Un séjour qui a provoqué –on le sait- une vive polémique en France.
La visite de M. Ounaies à Paris intervient quelques jours après une seconde qui n’est pas de moindre importance puisqu’elle a été effectuée pour le premier partenaire de la Tunisie: l’Union européenne (UE). A Bruxelles, le nouveau ministre des Affaires étrangères a, en effet, rencontré Mme Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne.
Au menu des entretiens des deux ministres des Affaires étrangères, l’évolution récente intervenue en Tunisie après la Révolution du 14 janvier 2011. Les quelques informations glanées à l’occasion, notamment les déclarations faites à la presse à la suite de cet entretien, en disent long à l’évidence sur les principaux aspects évoqués ainsi que sur l’intérêt de cet entretien. Le chef de la diplomatie tunisienne a indiqué, à ce propos, qu’il a été «dense, substantiel, franc et prometteur».
L’entretien avec son homologue français ne devra pas échapper à cette même logique. Voulu par les deux parties, il est crucial au vu de l’état des relations entre la Tunisie et la France , qui gèrent, outre une histoire commune, un ensemble d’intérêts politique, mais aussi économique et culturel. Au vu aussi du souci du nouveau gouvernement tunisien d’engager au plus vite des entretiens avec les partenaires de la Tunisie en vue de capitaliser le ferme engagement du peuple tunisien pour une vie démocratique et d’assurer la concrétisation des engagements pris par tout un peuple après le 14 janvier.
Dans ce cadre, l’entretien devra se focaliser, d’abord, sur la manière d’assurer la transition démocratique en Tunisie au cours des prochains jours. Tout le monde sait que la France souhaite apporter, sans doute, dans le cadre de l’UE, un soutien à l’organisation d’élections libres et démocratiques au pays. Celles-ci devront se dérouler sous contrôle international.
Dans ce même ordre d’idées, la France est intéressée par la mise en place d’un véritable Etat moderne en Tunisie. Ce qui sous-entend des expertises et sans doute des formations. Des actions qui seraient, sans doute, menées dans le cadre des accords liant la Tunisie à l’UE et notamment dans le cadre de la dynamique engagée avec la signature des Accords d’association et de partenariat, en juillet 1995.
Lancement d’une action de soutien exceptionnelle pour la Tunisie
Deuxième volet non moins important, le soutien que la France pourrait apporter à la Tunisie au plan économique. L’économie tunisienne passe, aujourd’hui, par une période délicate. La France se trouve être, de ce point de vue, le premier pays partenaire économique et commercial de notre pays: 30% des exportations tunisiennes prennent la direction de la France. L’entretien sera réservé, à ce niveau, aux moyens qui seront mis en place pour relancer l’économie tunisienne et de lui assurer à l’avenir les moyens de réaliser un taux de croissance capable de faire diminuer le taux de chômage. Un effort pourrait être accompli en vue de renforcer les IDE français en Tunisie; quelque 1.200 entreprises françaises sont établies en Tunisie dont les trois quarts sont sous le régime off shore, celles-ci totalisant 106.000 emplois directs.
La visite d’Ahmed Ounaies en France intervient dans un contexte nouveau marqué par au moins deux facteurs. D’abord, l’engagement de la Tunisie dans une ère de démocratie qui suscite un grand intérêt de l’autre côté de la Méditerranée. D ’autant plus que la diplomatie française souhaite rattraper une certaine réticence, pour le moins qu’on puisse dire, manifestée au moment où, en décembre-janvier derniers, une nouvelle page s’écrivait dans l’histoire de la Tunisie. On se souvient, à ce propos, de l’attitude de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre français des Affaires étrangères, critiquée par les médias français.
Cette nouvelle situation mobilise certains responsables français au premier rang desquels se trouve M. Pierre Lellouche, natif de la Tunisie et secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, qui a invité, il y a quelques jours, sur les ondes de la radio française Europe 1, les entreprises françaises installées en Tunisie à ne pas quitter notre pays.
Il est à remarquer, aussi, que les services de M. Lellouche viennent de faire savoir, mardi 2 février, dans le cadre de l’annonce de la liste de pays pour lesquels la France est prête à accorder aux exportateurs la couverture Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) contre d’éventuels défauts de paiement des clients, de placer la Tunisie parmi les pays pour qui «la France maintiendra sans restriction son soutien».
Idem pour le Maire de Paris, un autre natif de Tunisie, M. Bernard Delanoë, qui, à en croire notre confrère français l’Express, suit de très près la situation dans notre pays. Ce dernier s’apprêterait à venir en Tunisie dans les prochains jours dans le cadre du lancement d’une action de soutien exceptionnelle pour la Tunisie.
Deuxième facteur? La nomination d’un nouvel ambassadeur qui a donné la preuve de sa vigueur; un ambassadeur connu pour bousculer les traditions. Il s’agit évidemment de Boris Boillon, venu d’Irak, parfait connaisseur du monde arabe dont il parle couramment la langue.