ée des souffleries du Centre national de recherche aéronautique et spatiale à Modane, en Savoie |
[04/02/2011 19:09:56] MODANE (Savoie) (AFP) Des rafales au dernier A380, les gigantesques souffleries du Centre national de recherche aéronautique et spatiale (Onera), basées à Modane en Savoie, testent la résistance des avions européens, dans le plus grand secret.
Tube d’acier de 24 mètres de diamètre doté d’hélices pesant plus d’une tonne chacune, la plus grande soufflerie du monde, située sur l’un des huit sites de l’Onera à Modane, a des allures de film de science-fiction.
Les hélices y tournent à la vitesse de 230 tours par minute, produisant un puissant souffle d’air qui met à rude épreuve les maquettes d’avion placées au coeur du tube pour y être testées.
Avec ces simulations de quelques secondes, les quatre souffleries de Modane permettent aux industriels et au ministère de la Défense d’éprouver des vols hypersoniques, parfois supérieurs à 12 fois la vitesse du son.
Ce site de la démesure, où l’extrême précision côtoie des installations monumentales, a été créé en 1946 à l’abri des regards, grâce à la découverte d’un “trésor de guerre”, expliquent les responsables du site.
En effet, “une mission française a découvert en 1945 en Autriche une soufflerie en cours de construction par les Allemands. Elle a aussitôt décidé de la démonter pour l’installer en France, consciente qu’il s’agissait d’un enjeu majeur”, raconte Jean-Paul Bècle, directeur des essais à Modane.
“Le site, choisi pour la qualité de son air, a surtout l’avantage d’être proche des barrages hydrauliques produisant l’énergie nécessaire aux souffleries, qui consomment à elles seules un millième de la puissance électrique installée en France”, poursuit Jean-Paul Bècle.
“Grâce à elles, les essais, proches des conditions du réel, permettent de faire progresser la qualité des avions pour qu’ils consomment moins de carburant et d’améliorer leur acoustique”, résume Patrick Wagner, directeur du site de Modane, qui avait ouvert ses portes pour la dernière fois aux journalistes en 2003.
Le frottement de l’air sur les ailes est stratégique “pour un avionneur qui veut améliorer ses performances et la sécurité de ses passagers”, ajoute le PDG du centre national de recherche, Denis Maugars, devant le prototype d’un véhicule spatial qu’il est interdit de photographier.
“Notre atout face aux clients, c’est notre confidentialité. Une seule erreur et ce serait terminé pour nous”, souligne le PDG de l’Onera, placé sous tutelle du ministère de la Défense et qui tire plus de la moitié de son activité des commandes des industriels.
Régulièrement contrôlée par les services de l’armée, la monumentale soufflerie d’après-guerre reste un lieu “primordiale pour l’avenir de la recherche”, font valoir les responsables.
“On est face à une réalité où les ordinateurs ne suffisent plus pour faire de tels calculs” et où les tests grandeur réelle comme ceux menés à Modane restent primordiaux, insiste Patrick Wagner.
“Le revirement de la position américaine sur l’importance des essais en soufflerie nous conforte dans notre choix” poursuit-il, faisant référence au programme de relance de 600 millions de dollars voté par le Congrès américain.
“Nous sommes très vigilants sur ce qui se passe à l’étranger et tenons bon face aux Chinois qui nous demandent régulièrement de coopérer”, conclut Denis Maugars, muet sur les programmes actuellement testés par ses ingénieurs.