Tunisie : Mehdi Houas s’engage, «Nous avons 4 semaines pour remettre le tourisme tunisien sur pied, sinon vous ne me reverrez plus»

to-1.jpg«Je vous promets que les 20.000 Turcs qui visitent chaque année la Tunisie vont très vite devenir 200.000 dans quelques mois. Nous sommes venus soutenir la Tunisie et l’assurer de notre appui en ces moments difficiles». C’est ainsi que s’est exprimé le président de l’Association turque des agences de voyage, à la tête d’une délégation de voyagistes et de professionnels du tourisme en visite de soutien à la Tunisie suite au soulèvement qui a mis fin au régime précédent.

Rappelons par la même occasion que la compagnie aérienne turque a été la seule compagnie à avoir accepté de rapatrier 50 passagers tunisiens d’Istanbul vers Tunis-Carthage par vol spécial, samedi 15 janvier 2011 alors que cet aéroport était déserté par l’ensemble des compagnies aérienne et en état d’alerte.

«Nous ferons tout ce qu’il faut pour convaincre nos adhérents au nombre de 6.500 que l’année 2011 soit la bonne pour se rendre en Tunisie. La Turquie reçoit 30 millions de visiteurs par an, deux millions de Turcs partent pour leur part à l’étranger, il y en aura, nous l’espérons une bonne partie qui choisira la Tunisie».

Le président turc des Agences de Voyage est allé jusqu’à promettre que Sky Airlines programmera quatre vols par semaine sur la Tunisie tout comme sera desservi l’aéroport Enfidha dont la société promotrice est la société turque TAV.

Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, a pour sa part indiqué que le plus important aujourd’hui c’est de rassurer les TO quant au climat sécuritaire en Tunisie (voir notre article )

Un standing ovation au Congrès américain

«A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il faut savoir aussi tirer profit de la révolte tunisienne. Un standing ovation au Congrès américain en l’honneur de la Tunisie, quoi de mieux pour promouvoir le pays», a déclaré le ministre du Commerce et du Tourisme.

M. Houas et son staff comptent faire le tour de nombre de pays européens émetteurs pour plaider la cause du tourisme tunisien. Des mesures urgentes ont été prises pour garantir le sauvetage de la saison. Le budget promotionnel prévu initialement à la hausse serait encore plus important pour assurer une présence gratifiante de la Tunisie à l’international.

Les Turcs, venus à la rescousse, promettent aux Tunisiens des prix très accessibles pour leur participation aux foires et salons internationaux organisés en Turquie et décrivent les profils des touristes turcs comme étant des personnes férues de cultures et qui aiment découvrir ou se découvrir à travers les vestiges et sites historiques et archéologiques qui jonchent la Tunisie de long en large.

Mehdi Houas a pour sa part rassuré l’assistance pour ce qui est de l’efficacité des décisions prises pour sauver l’année touristique 2011. «Nous avons, montre en main, quatre semaines pour remettre notre tourisme sur pied, si nous n’y arrivons pas, eh bien vous ne me reverrez plus, et il faudra alors me remplacer!»

Nouveau comme langage ou plutôt comme message! Nous vous prenons au mot, monsieur le ministre.

Les Turcs, pour leur part, ne cesseront pas de nous surprendre par leur réactivité et leur flair.

Il faut reconnaître que la Tunisie porte en elle de grandes promesses. Passés ces moments difficiles, investir en démocratie, comme l’affirment nos Tunisiens des Grandes écoles, représente un bon argument pour les investisseurs de toutes parts dans le monde.  

Et la Turquie, qui a commencé déjà et depuis quelques années à investir en Tunisie, tient à conforter encore plus sa position. A voir les Turcs, officiels et privés, œuvrer de concert à s’imposer sur le marché tunisien et à conquérir, à partir de là, d’autres marchés, nous ne pouvons nous empêcher d’être admiratifs. La Turquie aurait même mis en place une cellule de crise pour suivre les développements de la situation en Tunisie. Zafer Caglayan, ministre d’Etat turc chargé du Commerce extérieur, a précisé que la cellule en question est composée de conseillers et d’experts commerciaux turcs ainsi que des présidents des bureaux égyptien et tunisien au sein du Conseil turc des relations économiques étrangères, de l’Union des chambres et Bourses de Turquie, de l’Assemblée des exportateurs turcs et de l’Union turque des entrepreneurs.

Jusqu’à Turkish Airlines, classée en 2010, 8ème compagnie mondiale au regard de la diversité de ses destinations et 3ème en Europe, qui a poursuivi normalement ses vols au plus fort des perturbations vécues par la Tunisie. La compagnie aérienne turque aurait même décidé de lancer cette année des vols quotidiens sur la Tunisie.

Les Etats-Unis, par la bouche d’Obama, ont expressément souhaité l’intégration de la Turquie dans l’espace économique européen. L’Europe, une union chrétienne qui souhaite le rester, hésite jusqu’à ce jour à l’intégrer en citant des raisons dénuées de toute consistance.

Qu’à cela ne tienne, la Turquie, face à une union en crise économique, change de stratégie et d’alliés. Elle possède d’important atouts: une économie dynamique et une population jeune et peut se redéployer autrement.

C’est vers ses voisins arabo-musulmans et l’Afrique qu’elle se tourne pour construire une relation fondée d’intérêts communs. Cela s’appelle avoir plus d’un tour dans son sac.

Parions que la visite des professionnels turcs du monde du voyage sera suivie par beaucoup d’autres et tous secteurs confondus.